Les chiffres d’affaires des artisans de la sculpture ne cessent de baisser. Depuis que la covid-19 est apparue ce métier ne nourrit plus son homme.
Trouvé à son lieu de travail, tenant entre ses mains un morceau de bois Ngagne Fall fabriquait une figure féminine. Agé de 45 ans, ce père de famille a appris ce métier dans les années 1980. Ses bras musclés témoignent des années d’efforts qu’il a fournis, car ses œuvres, il les confectionne manuellement. Ngagne utilise beaucoup le couteau, le coupe-coupe et la scie pour bâtir ses statues.
Sur les murs de son atelier, on y trouve accrocher toutes sortes de statuts qui valorisent la femme africaine, différents types de masques, d’animaux à savoir des lions, des panthères.
Ses œuvres étaient essentiellement achetées par des touristes venus d’Europe et quels africains férus de l’art de passage dans la région naturelle de Casamance.
Mais, la covid-19 a affecté son chiffre d’affaires, «Depuis que cette maladie est arrivée au Sénégal, toutes les frontières sont fermées», déplore l’artisan. Face à cette barrière dressée pour lutter contre le virus, ce dernier doit se battre, pour écouler ses produits, dans un contexte marqué par la rareté du bois. Cette ressource locale est interdite d’exploitation, depuis le 26 juin 2015, par les autorités sénégalaises, la même année après l’assassinat de douze bucherons dans la Forêt classée du Bayotte.
Un peu plus loin, on retrouve Babacar Mbaye, autour du thé avec un ami qui est venu lui rendre visite. Il nous informe que toutes les activités sont à l’arrêt ici, voilà une année qu’ils n’ont pas pu vendre un seul objet d’art. Et pourtant » Le mois de décembre est propice à la vente d’objets d’art, « mais vous ne voyez aucun client, aucun touriste», s’indigne t-il. Avant de poursuivre, « nous sommes les premiers impactés de cette pandémie ». Quant à son ami Mamadou Diouf, la baisse des chiffres d’affaires ne date pas d’aujourd’hui, car en plus de « l’insécurité qu’a connue la Casamance, le décret du Président de la république, interdisant la coupe de bois et la covid -19 ont accentué la situation » a-t-il souligné.
La mine triste il termine sa phrase ainsi : «beaucoup de nos collèges ont changé de métier en devenant Jakarta man (appellation donnée aux conducteurs de moto taxi au Sénégal) ».
Alors que l’aide allouée par l’Etat pour atténuer les effets de la covid19 est distribuée, certains ont reçu et d’autres non. Une discrimination que les artisans n’ont pas appréciée.
GMS / Djibril M. Bassène