Ziguinchor : le phénomène des enfants mineurs laveurs de « Jakarta »

SOCIÉTÈ- Ils sont visibles dans certains quartiers de la commune, les mineurs s’activant dans le lavage de moto. La plupart viennent de l’intérieur du pays et demeurent un espoir pour des familles laissées au village.

Dans la région du Sud,  des enfants mineurs continuent à travailler comme laveurs de  « moto Jakarta» pour gagner leur vie.  Ils sont visibles un peu partout dans certaines artères de la ville.  Malgré leurs âges mineurs, ils abattent des travaux d’adulte.

Abdoulaye Touré est âgé de 16 ans, de teint noir, il tient un atelier de lavage de moto, un abri de fortune qu’il fréquente comme employé. Entre ses mains, Il tenait un chiffon et du savon, guettant un éventuel client.  Le choix d’installer l’atelier a proximité de la gare routière ne relève pas du hasard, des centaines de moto affluent chaque instant vers ce lieu.

Seulement, l’engagement du jeune Touré dans le lavage de moto ne date pas d’aujourd’hui,  originaire de  Médina Sabakh, à quelques encablure  de la frontière Gambienne, c’est en 2018 qu’il s’est lancé dans le métier de lavage.  Chaque jour il gagne entre « 2000f et 2500f CF», informe-t-il. De l’argent qu’il épargne pour aider ses parents restés au village.

Fils ainé de sa famille, le jeune Touré a fréquenté d’abord l’école coranique. « J’ai été un enfant talibé à Kaolack j’ai décidé de travailler pour venir en aide à mes parents », explique-t-il.

Vivant loin de son Medina Sabakh, le mineur est obligé, de travailler pour gagner sa vie. « Mon père ma confié à une famille ici à Ziguinchor ; mais je me  prends en charge avec ce que je gagne. Quand je le peux j’envoie une autre partie à mes parents », ajoute-t-il.

Pour ce qui est des difficultés qu’il rencontre dans l’exercice de son travail vu son jeune âge, il les prend avec philosophie. « Ça, se sont les difficultés de la vie, c’est mon destin ; ça ne fait que me forger », pense-t-il.

Un peu plus loin, au quartier  de Néma2, on aperçoit  deux ados, qui lavent aussi des Jakarta.  Ils ont dressé un toit de fortune leur permettant de s’abriter contre le soleil. Ici ça discute de tout et de rien tout en étant attentif des grondements de moteur de moto Jakarta.  Le premier Mohamed Diallo, âgé de 17 a débuté ce travail depuis 2 ans. Comme Abdoulaye Touré, rencontré prés de la gare routière, il a étudié le coran. « Je viens de Touba. J’étais dans les darras (écoles coraniques) ou j’ai mémorisé le coran depuis des années. Je fais ce métier pour que je puisse épargner et passer un permis de conduire», souligne t-il.

Pourtant, le Sénégal  a ratifié la convention internationale des droits de l’enfant depuis le 31 juillet 1990, qui interdit le travail des enfants et adolescents. Mais, Mohamed dit ne pas être au courant de cette législation. «Je ne savais pas qu’il y a une loi qui a été votée et qui interdit le travail des enfants ». Avant d’ajouter, « Nous, nous sommes des soutiens de familles, et mes parents sont âgés ».

Son ami d’à côté du nom de Cheikh Manka est du même avis que  lui. « Cette loi là ne nous arrange pas. Moi je viens de Dakar ou j’ai aussi appris le coran. Donc si je ne travaille pas, je ne pourrais pas me prendre en charge.

A l’instar de son ami Mohamed, Cheikh Manka veut  épargner de l’argent  pour passer le permis et devenir chauffeur dans le  transport.

Se battre pour prendre en charge ses besoins constitue le quotidien de ces mineurs, en dépit du danger qu’ils frôlent sur la circulation, ils n’hésitent pas de parcourir la route de la CDEAO avec  une moto déjà lavée.

 

GMS / Djibril Michel Bassène

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