Le rapport d’évaluation de la vulnérabilité de la région de Kédougou face aux changements climatiques concernait surtout quatre secteurs : l’agriculture, la santé les infrastructures, les transports terrestres et la gestion des risques de catastrophes accès sur les inondations. Le diagnostic fait lors de ce CRD spécial a révélé l’existence de deux scénarios climatiques qui pourraient subvenir à l’horizon 2030-2035 avec l’un qui pourrait être optimiste et l’autre pessimiste.
Avec le scénario optimiste, on pourrait avoir une variation de 1,2 à 1,7 degré Celsius d’augmentation de température. À Kédougou, cette augmentation sera multipliée par deux.
Et pour le scénario pessimiste, les projections révèlent des températures variant entre 1,5 et 2,5 degrés Celsius de plus, annonce le coordonnateur du Projet d’appui au plan national d’adaptation du Sénégal. Gabriel Ndiaye d’ajouter : «Au regard de ces scénarios déclinés pour la région de Kédougou, il est ressorti certains facteurs climatiques et des facteurs non climatiques. Pour les premiers, ils pourraient être caractérisés par des pauses pluviométriques, une augmentation des températures, des pluies intenses, des inondations, des vents violents et des orages. Tous ces éléments ont été articulés autour des différents secteurs : certaines spéculations vont connaitre des baisses au niveau des rendements, notamment le maïs, le sorgho, le mil dans les années à avenir. Si, dans le secteur de la santé, les options proposées n’ont pas été mises en œuvre, on va noter une certaine fréquence du paludisme qui risque d’augmenter avec les maladies cardiovasculaires, les maladies diarrhéiques. Les facteurs non climatiques ne sont pas à exclure, tels que le déboisement, notamment la déforestation, l’exploitation minière qui peuvent renforcer la vulnérabilité de la région, si ces parties ne sont pas prises en compte.
Pour les infrastructures routières, évidemment, il y a des impacts qui sont ressortis, notamment avec la destruction des routes liée aux fortes précipitations, si les matériaux adéquats ne sont pas utilisés. On peut aussi noter avec l’augmentation des températures les ballonnements des routes qui peuvent créer des creux qu’on pourrait noter parfois. Les inondations ne manqueront, parce que dans les années à venir avec les augmentations des gaz à effet de serre, nous allons noter beaucoup d’évènements extrêmes avec des inondations intenses en un ou deux jours de pluie dans le Sénégal en entier, particulièrement dans la région de Kedougou.
Donc, il faudra revoir les dimensionnements des ouvrages qui doivent réceptionner cette eau supplémentaire qui pourrait s’abattre sur la région.»
Seulement, note-t-il, l’avantage de Kédougou réside dans le fait que c’est une région pluvieuse et que les sols sont adaptés à recueillir le plus de pluies possible, même s’il faut revoir le dimensionnement des ouvrages qui doivent réceptionner cette quantité supplémentaire d’eau dans la région, précise Gabriel Ndiaye.
Si, en matière de vulnérabilité, la région de Kédougou est au niveau orange, il faudrait, par contre, pour chaque secteur, la mise en œuvre des options spécifiques qui ont été proposées pour parer à toute éventualité. Dans le secteur de l’agriculture, utiliser des variétés à cycle court adaptées par rapport aux risques climatiques ; dans les risques d’inondation, revoir certains ouvrages en les intégrant dans les dossiers de planification de l’urbanisme. Dans le domaine de la santé aussi, mettre en place des systèmes d’alerte précoces, notamment les pluies intenses en vue de prévenir les maladies qui peuvent émerger. Au niveau des infrastructures, il s’agira de revoir les matériaux les plus adaptés par rapport à cette hausse de température face aux pluies intenses.
Pour l’adjoint au gouverneur chargé des affaires administratives, il s’agit de prendre en charge les questions spécifiques issues de cette étude et de les mettre en œuvre. Amadou Salmon Fall de saluer «l’approche sectorielle de l’étude qui permet à chaque région de prendre en compte ses spécificités. Une série de recommandations a été formulée pour lutter contre les changements climatiques, avant la validation de l’étude qui sera faite prochainement», conclut-il.