Un peu plus de trois mois après sa nomination, l’ancien ministre de l’Éducation entend s’inscrire dans le droit fil de sa déclaration de politique générale. L’«autorité», la «laïcité» et le «rôle de l’État» sont au menu de son déplacement dans l’Essonne.
Pour son centième jour à Matignon, Gabriel Attal a choisi la ville endeuillée de Viry-Châtillon, cette ville de l’Essonne récemment marquée par la mort de Shemseddine, 15 ans, passé à tabac près de son collège, pour prononcer un «discours sur l’autorité au cœur de la République», avant de défendre l’ensemble de son action de premier ministre lors d’une interview en soirée sur BFMTV.
«L’autorité est trop souvent défiée par une minorité de nos adolescents», a déclaré le premier ministre, évoquant «une violence parfois déchaînée sans règles». «La France a mal à une partie de sa jeunesse. Je veux que ces drames cessent. Je parle de spirale, d’addiction et non on ne peut pas l’excuser». Attal estime que «bien souvent la première victime de la violence de la jeunesse, c’est la jeunesse elle-même». «Il y a deux fois plus d’adolescents impliqués pour coups et blessures, quatre fois plus pour trafic de drogue, et sept fois plus dans les vols avec armes que dans la population générale», a énuméré le premier ministre depuis cette ville de l’Essonne récemment marquée par la mort de Shemseddine, 15 ans, passé à tabac près de son collège. Et de poursuivre «Nous avons besoin d’un sursaut d’autorité».
«La République contre attaque. Nous avons besoin de toutes les bonnes volontés pour aboutir à l’ordre durable», a poursuivi le premier ministre.
Pour mener à bien sa mission, Attal «donne huit semaines» pour faire aboutir le «travail collectif». Un point d’étape aura lieu dans quatre semaines. «Tout le monde sera mis autour de la table pour conduire un travail scientifique, politique et technique », réclame le premier ministre. Parmi les pistes annoncées pour attaquer le mal à la racine, Gabriel Attal veut miser sur l’éducation pour éviter que les jeunes « tombent dans la délinquance ». Il promet d’aider les parents et notamment les mères seules et de «responsabiliser les parents démissionnaires» y compris le parent ayant quitté le foyer. Le premier ministre veut également obliger les élèves à être présents à l’école entre 8 heures et 18 heures, «en particulier dans les quartiers prioritaires». Et d’évoquer à nouveau les internats, où il veut que les jeunes puissent être envoyés en cas de dérive.
Gabriel Attal, qui est accompagné des ministres Nicole Belloubet (Éducation) et Éric Dupond-Moretti (Justice), de la ministre déléguée Sarah El Haïry (Enfance, Jeunesse, Familles) et de la secrétaire d’État Sabrina Agresti-Roubache(Ville et Citoyenneté), a échangé auparavant avec les équipes et les bénéficiaires de la MJC de Viry.
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Jeudi matin, le premier ministre a réaffirmé sa détermination «totale» dans une vidéo publiée sur le réseau social X (ex-Twitter). «Dans un contexte où il y a des difficultés, où il y a des Français qui doutent, qui souffrent, qui sont inquiets, on arrive à se parler», a assuré le chef du gouvernement. «Tout ne peut pas se régler en un jour», a-t-il cependant averti.
Le maire de Viry-Châtillon, Jean-Marie Villain (Les Centristes) s’est dit sur RTL «heureux que le premier ministre vienne échanger avec des jeunes ados et des présidents d’associations».
Un peu plus de trois mois après sa nomination, l’ancien ministre de l’Éducation entend s’inscrire dans le droit fil de sa déclaration de politique générale. Il était alors revenu sur les émeutes urbaines d’une rare violence qui avaient embrasé des villes et des quartiers au début de l’été 2023.
Alors que «les violences de juillet dernier ont profondément marqué notre pays», avec parmi les émeutiers «des jeunes, très jeunes parfois, qui semblaient avoir déjà coupé les ponts avec notre société», «nous devons faire respecter l’autorité partout», expliquait-il le 30 janvier devant l’Assemblée nationale. Avant de lancer son fameux «tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter».