Le Premier ministre hongrois Viktor Orban s’est rendu en Ukraine pour sa première visite depuis le début de l’invasion russe, a annoncé Budapest, malgré les fortes tensions liées à sa proximité avec Moscou et son opposition à l’aide pour Kiev, rapporte l’AFP. Le dirigeant « est arrivé à Kiev pour des discussions avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky », a déclaré son attaché de pressé Bertalan Havasi, cité par l’agence de presse nationale MTI.
Viktor Orban, dont le pays vient de prendre la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne pour six mois, se démarque nettement des autres dirigeants occidentaux sur l’Ukraine. Il bloque par exemple régulièrement l’aide militaire à l’Ukraine, extrêmement précieuse pour Kiev, et ne cesse d’appeler à un cessez-le-feu. En début d’année, il avait mis son veto à une enveloppe de 50 milliards d’euros. Celle-ci avait finalement été validée, mais avec un retard dénoncé par les responsables ukrainiens.
Orban farouchement opposé à l’adhésion de l’Ukraine à l’UE
Le dirigeant eurosceptique, au pouvoir sans interruption depuis 2010, s’était aussi farouchement opposé à toute discussion d’adhésion à l’UE pour l’Ukraine, jugeant que ce pays n’était pas prêt. Il avait finalement accepté de quitter la table du sommet des dirigeants des Vingt-Sept en décembre dernier, le temps que ses 26 homologues décident d’ouvrir les négociations d’adhésion avec Kiev.
Lundi, le président Zelensky a adressé ses « félicitations » à la Hongrie pour le début de sa présidence de l’UE. Il a dit espérer que le pays promouvrait les « valeurs, objectifs et intérêts européens communs ».
Viktor Orban est resté proche de la Russie et de son président Vladimir Poutine, avec qui les Occidentaux ont coupé les ponts depuis le début de la guerre en Ukraine. À contre-courant, lui renforce les liens politiques et économiques de son pays avec le Kremlin. La Russie reste une source clé pour les besoins énergétiques du pays d’Europe centrale. Le dirigeant hongrois continue par exemple d’acheter du gaz russe.
Le dirigeant hongrois désapprouve par ailleurs les sanctions européennes votées contre la Russie et tente de les adoucir, sans toutefois les bloquer entièrement. Il a qualifié à plusieurs reprises l’invasion russe de l’Ukraine d’« opération militaire », reprenant un euphémisme imposé par le Kremlin afin d’éviter de parler de guerre.
En Transcarpatie, une communauté hongroise prise en étau
Que peut-on attendre alors de ce déplacement d’Orban à Kiev ? Difficile à ce stade de répondre. « Le thème le plus important de ces discussions sera la possibilité de bâtir la paix », a simplement déclaré l’attaché de presse de Vitkor Orban, sans donner plus de détail. Mais outre le conflit entre l’Ukraine et la Russie, il sera sans doute question d’un autre sujet qui divise profondément les deux pays depuis des années : la situation de la minorité hongroise qui vit en Ukraine – 100 000 personnes environ installées dans l’ouest de l’Ukraine en Transcarpatie, à la frontière entre les deux pays.
Depuis des années, Viktor Orban accuse l’Ukraine de bafouer les droits de cette minorité sur la question notamment de l’enseignement de la langue hongroise. Selon un quotidien britannique, un accord a été conclu en amont de ce déplacement et sera annoncé à cette occasion.