Le président socialiste vénézuélien Nicolas Maduro a porté un grand coup à ses opposants: à peine installée, la Constituante qu’il a dotée de pouvoirs illimités a limogé une adversaire des plus coriaces, la procureure générale Luisa Ortega, au risque d’aggraver encore les tensions avec la communauté internationale.
La nouvelle Assemblée constituante du Venezuela, dotée de pouvoirs illimités, a démis samedi de ses fonctions Luisa Ortega, devenue l’une des principales opposantes au président socialiste Nicolas Maduro.
Tarek William Saab, 59 ans, prête serment pour remplacer Luisa Ortega au poste de procureur général du Venezuela. Mme Ortega sera remplacée provisoirement par le « défenseur du peuple » (ombudsman) Tarek William Saab, a annoncé l’Assemblée, qui a également décidé qu’elle siègerait pour une durée maximale de deux ans.
Dans la matinée, des unités de la Garde nationale bolivarienne (GNB) avaient empêchée Luisa Ortega d’accéder aux bureaux du Parquet général dans le centre de Caracas. »Non seulement ils arrêtent les gens arbitrairement, mais ils les font juger par la justice militaire, et maintenant ils ne laissent pas entrer la procureure générale dans son bureau », avait-elle déclaré aux médias présents sur place.
Luisa Ortega aux médias : « C’est une dictature! »
« C’est une dictature », avait-t-elle dénoncé avant de quitter les lieux assise à l’arrière d’une moto, tout en promettant de continuer « à lutter pour la liberté et la démocratie au Venezuela ».
Dans l’après-midi, au cours d’une séance publique et télévisée, les membres de la nouvelle Assemblée constituante ont voté à main levée sa révocation. Il ne restait plus à Delcy Rodriguez, présidente de la Constituante, de proclamer, avec le sourire, la révocation « à l’unanimité » de Mme Ortega. « Procureur, traîtresse, ton heure est arrivée », ont aussitôt scandé à plusieurs reprises nombre de participants.
La Cour suprême de justice ((TSJ), accusée par l’opposition d’être inféodée au pouvoir, a annoncé plus tard que Mme Ortega serait jugée pour des « irrégularités ».Ses comptes ont par ailleurs été bloqués et il lui a été interdit de quitter le pays.
L’opposition dénonce « la prise en otage » des institutions
Le Parquet général, que dirige Luisa Ortega, avait ouvert mercredi une enquête pour fraude électorale présumée lors du scrutin de l’Assemblée constituante le 30 juillet, réclamant en outre l’annulation de l’installation de cette toute-puissante institution. Nommée en 2007 par le président Hugo Chavez (1999-2013), Mme Ortega était la principale figure institutionnelle à oser défier publiquement son successeur.
Samedi, Luisa Ortega a dénoncé « un coup d’Etat contre la Constitution » mené par le gouvernement de M. Maduro. « Je ne reconnais pas ces décisions (…) parce qu’elles vont à l’encontre de la Constitution et de la loi », a-t-elle déclaré.
L’opposition vénézuélienne a dénoncé « la prise en otage » des institutions après le limogeage samedi de la procureure générale Luisa Ortega par l’Assemblée constituante voulue par le président Nicolas Maduro. LIRE LA SUITE