Le président colombien a confirmé, lundi 21 août 2017, que l’ex-procureure générale du Venezuela, Luisa Ortega, était à Bogota. Juan Manuel Santos a indiqué qu’elle était sous la protection de son gouvernement et qu’elle aura l’asile politique si elle le demande dans les trois mois. A Caracas, les autorités dénoncent le « cynisme » de cette offre.
Comme dans un film d’action, la procureure générale Luisa Ortega Díaz, récemment limogéepar la nouvelle Assemblée constituante vénézuélienne, est sortie clandestinement du territoire de son pays, en bateau vers l’île d’Aruba. Le lendemain, la fonctionnaire arrivait à Bogota à bord d’un avion privé.
Fureur à Caracas, où cette offre de protection colombienne est perçue comme un acte de conspiration contre la démocratie vénézuélienne. Le ministre des Affaires étrangères, Jorge Arreaza, a déclaré via les réseaux sociaux que le gouvernement colombien était une honte historique pour la région.
Le président Juan Manuel Santos le sait : la présence de Luisa Ortega à Bogota ne peut qu’envenimer les relations avec le Venezuela voisin. Caracas n’a pas oublié qu’en 2002, la Colombie avait déjà accordé l’asile à Pedro Carmona, meneur d’un coup d’Etat raté contre Hugo Chavez.
Mais cette fois-ci, la décision d’octroyer l’asile politique à Mme Ortega fait l’unanimité. Même le sénateur de gauche Jorge Enrique Robledo, pourtant très critique à l’égard du chef de l’Etat, l’a approuvée. Le président du Sénat a, pour sa part, invité l’ex-procureure à venir s’exprimer ce mardi devant le Congrès.
Accusations mutuelles de corruption
Depuis trois jours qu’elle est à Bogota, Luisa Ortega garde le silence. On ne sait pas si elle se rendra au Sénat. Le chef de la diplomatie vénézuélienne accuse la Colombie de protéger la corruption et la délinquance en l’accueillant, puisque le clan Maduro la juge désormais coupable de ces griefs.
Tarek William Saab, le procureur général du Venezuela qui remplace Luisa Ortega – arrivée à ce poste à l’époque du président Hugo Chavez -, a qualifié la position de Bogota de « répugnante ». Et d’évoquer une tradition colombienne de coopération avec des Vénézuéliens liés au terrorisme et au trafic de drogue…
Avant de quitter son pays, Mme Ortega avait promis des révélations concernant la corruption au sein du gouvernement vénézuélien. Le président Nicolas Maduro et son entourage seraient selon elle impliqués dans le scandale dit « Odebrecht », du nom d’une entreprise brésilienne de travaux publics. LIRE LA SUITE