Une nouvelle série de naufrages fait une trentaine de morts au large de la Tunisie

Au moins 27 personnes sont mortes ou portées disparues après plusieurs naufrages survenus au large de la Tunisie, ce week-end. Une cinquantaine de personnes ont également été secourues. Depuis le début de l’année, les départs ne cessent d’augmenter depuis la région de Sfax, dans le centre-est du pays.

Vingt-sept migrants originaires d’Afrique subsaharienne sont morts ou portés disparus après deux naufrages vendredi 7 et samedi 8 avril au large de la Tunisie, a indiqué un porte-parole du tribunal de Sfax, dans le centre-est du pays.

Ces deux nouveaux accidents portent le bilan depuis début mars à plus d’une centaine de morts ou disparus lors d’une série de naufrages survenus près de la Tunisie, selon un décompte de l’AFP.

D’après des témoignages recueillis par la justice, 37 personnes subsahariennes étaient « parties du littoral au nord de Sfax sur deux embarcations ». La première a fait naufrage vendredi après-midi », a précisé Faouzi Masmoudi. La seconde a pu être secourue.

Ce jour-là, vingt migrants ont disparu en mer, et seuls 17 rescapés qui se trouvaient tous sur la deuxième embarcation » ont pu être sauvés, a-t-il ajouté.

Le lendemain matin, samedi 8 avril, un autre naufrage a eu lieu. Un premier bilan a fait état de « quatre corps repêchés sur une plage au nord de Sfax, trois disparus et 36 personnes secourues » pour cet accident survenu « plus près de la côte » que celui de vendredi.

« Trouver les organisateurs de ces traversées »

Le porte-parole a précisé que la justice avait ouvert des enquêtes sur les circonstances des accidents.

L’objectif est aussi « de trouver les organisateurs de ces tentatives de traversée qui les ont fait embarquer sur des embarcations en tôle de fer, n’offrant pas du tout de conditions de sécurité minimales mais qui sont moins chères à fabriquer que celles en bois », a souligné Faouzi Masmoudi.

La plus récente tragédie datait du 26 mars quand les corps de 29 migrants provenant d’Afrique subsaharienne ont été repêchés après trois naufrages distincts au large de la Tunisie.

Les départs en mer depuis la Tunisie ont explosé ces derniers mois. Les autorités tunisiennes ont annoncé avoir intercepté ou secouru en mer plus de 14 000 migrants sur les trois premiers mois de l’année, soit cinq fois plus qu’à la même période en 2022. 

14 000 migrants arrivés en Italie depuis le début de l’année

La quasi-totalité des interceptions et sauvetages en 2023 ont eu lieu dans les zones de Sfax, la deuxième ville du pays, et vers Mahdia, sur la côte centre-est.

La Tunisie est considérée comme un pays de transit pour des milliers de migrants, majoritairement subsahariens, qui souhaitent rejoindre l’Europe. Certaines portions du littoral tunisien se trouvent à moins de 150 km de l’île italienne de Lampedusa.

Selon le ministère italien de l’Intérieur, plus de 14 000 migrants sont arrivés en Italie depuis le début de l’année, contre un peu plus de 5 300 durant la même période l’an dernier, et 4 300 en 2021.

Cette hausse des arrivées sur le sol italien coïncide avec une augmentation des agressions à l’égard des personnes de couleur en Tunisie. Le 21 février, le président tunisien Kaïs Saïed avait prononcé un discours virulent contre l’immigration clandestine. Le chef de l’État avait affirmé que la présence en Tunisie de « hordes » d’immigrés clandestins venant d’Afrique subsaharienne était source de « violence et de crimes » et relevait d’une « entreprise criminelle » visant à « changer la composition démographique » du pays.

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