Un immeuble d’habitation de quatre étages s’est effondré dans le centre de Marseille dans la nuit de samedi à dimanche, faisant au moins cinq blessés selon un bilan qui reste « très » provisoire préviennent les autorités.
Le drame, sans doute dû à une explosion mais dont les causes exactes ne sont pas encore connues, s’est produit vers 00H40 dans un secteur résidentiel en bordure du quartier de la Plaine, connu pour ses restaurants, bars et sa vie nocturne.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est arrivé sur place dans la matinée alors qu’Emmanuel Macrona exprimé son « émotion ». « Je pense aux personnes touchées et à leurs proches », a ajouté le chef de l’Etat sur Twitter.
L’effondrement « d’un immeuble au 17 rue de Tivoli a entraîné dans sa chute une partie des (bâtiments du) 15 et du 19 » voisins, a déclaré le maire Benoît Payan aux journalistes sur place.
Près de 10 heures plus tard, les opération de secours se poursuivent et « il faut qu’on se prépare à avoir des victimes dans ce terrible drame », a-t-il ajouté.
Cinq personnes, résidents d’immeubles voisins, ont été blessées, et 33 au total prises en charge.
« C’est vraiment un bilan très très provisoire, il faut attendre d’en savoir plus, il y a des recoupements qui sont faits avec des familles qui cherchent leurs proches. Toutes les personnes qui sont censées être dans cet immeuble n’ont pas encore été vues, et des familles s’inquiètent », a déclaré le ministre du Logement Olivier Klein sur Franceinfo.
Un numéro vert de la mairie a été mis en place (04 91 55 11 11) et un centre d’accueil destiné aux personnes recherchant un membre de leur famille ou un proche dont ils n’auraient pas de nouvelles après l’effondrement d’un immeuble en plein coeur de Marseille a été ouvert.
Il y avait a priori un appartement par palier.
Les pompiers luttent toujours contre un violent incendie qui s’est déclaré dans les décombres, entravant les recherches, a souligné le vice-amiral Lionel Mathieu, commandant des marins-pompiers de Marseille.
Plus d’une centaine d’hommes, appuyés par de nombreux équipements, sont engagés, mais les équipes de recherches avec chiens n’ont pas pu entrer en action pour rechercher d’éventuels survivants, la chaleur étant trop intense.
« L’objectif c’est de maîtriser l’incendie pour envoyer les chiens le plus vite possible », a souligné un peu plus tard le commandant Laurent, qui dirige les opérations.
– « Tout a tremblé » –
Dans la matinée, l’effondrement partiel (à 70%) du numéro 15 « complique aussi la tache » des secouristes car « ça rajoute des gravats », a expliqué le commandant Laurent. Huit personnes qui s’étaient réfugiées sur le toit-terrasse de cet immeuble ont pu être sauvées dans la nuit par des pompiers montés sur une grande échelle.
Au moment de l’explosion « tout a tremblé, on voyait les gens courir et il y avait de la fumée partout, l’immeuble est tombé sur la rue », a dit à l’AFP Aziz, un homme qui a préféré taire son nom de famille, mais a déclaré tenir un commerce d’alimentation nocturne dans la rue où l’immeuble s’est effondré.
« Il y a de fortes suspicions qu’une explosion ait provoqué l’effondrement, mais il faut rester très prudent sur les causes à ce stade », a indiqué à l’AFP le préfet de la région des Bouches-du-Rhône, Christophe Mirmand, précisant que le gaz pourrait être « une option possible ».
La procureure de Marseille Dominique Laurens a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « blessures involontaires » et tiendra un point presse à 18H00 au tribunal.
D’autres immeubles de la rue ont été évacués par mesure de sécurité en cette nuit du long week-end de Pâques et leurs résidents accueillis dans des écoles en urgence.
En novembre 2018, l’effondrement rue d’Aubagne de deux immeubles dans un autre quartier du centre de Marseille, Noailles, avait fait huit morts et suscité une vague d’indignation contre le mal-logement dans cette ville où 40.000 personnes vivent dans des taudis, selon des ONG.
L’hypothèse d’une insalubrité de l’immeuble qui s’est effondré dimanche a toutefois semblé écartée par le maire et le préfet.
« Il n’y avait pas d’arrêté de péril pour ce bâtiment et ce n’est pas un quartier recensé comme ayant de l’habitat insalubre », a indiqué le préfet.
Marseille a connu plusieurs effondrements mortels d’immeubles au cours des 40 dernières années.
Le 11 janvier 1981, huit personnes sont mortes et 16 ont été blessées dans le quartier pauvre du Canet lors de l’écroulement de leur bâtiment.
Cinq personnes ont péri en 1985 dans l’explosion accidentelle d’un immeuble près du boulevard du Prado et le 20 juillet 1996, une explosion due au gaz a soufflé un immeuble de sept étages près de la gare Saint-Charles, faisant 4 morts et 26 blessés.