Le jeune suprémaciste blanc avait tué 10 personnes noires dans un supermarché à Buffalo, en mai dernier.
Un jeune suprémaciste blanc qui a tué dix personnes noires en mai dans un supermarché à Buffalo, dans le nord des États-Unis, a été condamné mercredi à une peine incompressible de prison à vie.
Payton Gendron, 19 ans, avait plaidé coupable en novembre de meurtres racistes et acte de terrorisme devant la justice de l’État de New York et a comparu, pour la première fois, devant les proches de ses victimes.
«Vous avez échoué»
Celles-ci, neuf mois après ce carnage qui a profondément choqué les États-Unis, ont laissé éclater leur détresse – un homme a même essayé de se jeter sur le jeune homme, provoquant une courte interruption d’audience. Mais veuve, mère, fille ou oncle des personnes dont la vie a été fauchée dans le supermarché ont aussi lancé de vibrants appels à ne pas céder à la haine.
«On sait tous les mobiles de votre crime raciste, mais on est là pour vous dire que vous avez échoué», lui a lancé Simone Crawley, dont la grand-mère Ruth Whitfield est morte alors qu’elle faisait ses courses. «Malgré nos blessures, on ne vous laissera pas gagner cette guerre.» «Il n’y a pas de place pour vous ni pour votre idéologie imbécile, haineuse et malfaisante dans une société civilisée», a renchéri la juge Susan Eagan, après avoir longuement dénoncé le passé raciste des États-Unis.
«Il ne peut pas y avoir de pitié pour vous, pas de compréhension, pas de seconde chance», a-t-elle ajouté avant de prononcer la peine, incompressible: «Vous ne verrez plus jamais la lumière du jour comme un homme libre.» Dans une courte intervention, Payton Gendron a assuré être «désolé pour la douleur» qu’il a causée. «Je ne peux pas dire à quel point je regrette toutes les décisions qui m’ont conduit à faire une chose terrible le 14 mai, quand j’ai tiré et tué des gens juste parce qu’ils étaient noirs.»
«Je croyais à des choses lues en ligne et j’ai agi par haine raciste», «je ne veux pas être une source d’inspiration pour qui que ce soit», a-t-il ajouté. Le 14 mai, après des mois de préparatifs, il s’était rendu dans un supermarché de Buffalo en tenue de combat, armé d’un fusil semi-automatique de type AR-15 et d’une caméra diffusant ses actes en direct sur internet. Il avait progressé méthodiquement sur le parking puis dans le magasin, tirant sur les clients et les employés. Et avait fait dix morts, âgés de 32 à 86 ans, et trois blessés.
Un carnage qui a suscité l’effroi
Dans ses messages et un manifeste raciste, suprémaciste et complotiste, Payton Gendron avait écrit, plusieurs mois avant le massacre, qu’il voulait tuer des personnes noires et qu’il visait un quartier pauvre et isolé de Buffalo en raison de sa forte proportion d’Afro-Américains. Il avait aussi effectué un voyage de reconnaissance avant la tuerie à Buffalo, à 300 km au nord de son domicile.
Le carnage avait suscité la stupeur aux États-Unis, doublé dix jours plus tard par un autre massacre au fusil semi-automatique perpétré par un jeune homme de 18 ans, qui avait tué 19 enfants et deux enseignantes dans une école d’Uvalde, au Texas. Ces tueries, dont la liste a continué de s’allonger depuis, ont relancé le débat récurrent sur un manque de régulation des armes à feu aux États-Unis. Le site Gun Violence Archive a déjà recensé, depuis le 1er janvier, six drames par armes à feu ayant fait au moins quatre morts, et 71 fusillades ayant fait au moins quatre blessés.