Le Haut conseil turc de l’audiovisuel (RTUK) a sanctionné mercredi trois chaînes de télévision qui avaient critiqué le gouvernement pour sa gestion des conséquences du séisme qui a frappé le sud du pays le 6 février. Les chaînes Halk TV, Tele 1 et Fox TV ont été condamnées à des amendes et à des suspensions de programmes pour « les informations et commentaires qu’elles ont diffusés à propos du séisme », a annoncé sur Twitter Ilhan Tasci, un membre du RTUK élu par l’opposition.
Halk TV et Télé 1 ont été condamnées à une amende correspondant à 5% de leur chiffres d’affaires du mois de janvier, ainsi qu’à la suspension pendant cinq jours d’une de leurs émissions quotidiennes. Une autre amende correspondant à 3% du chiffre d’affaire de janvier a par ailleurs été infligée à Halk TV et à Fox TV. Les trois chaînes sont connues pour leur ligne éditoriale critique envers le pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan, Halk TV étant spécialement proche du principal parti d’opposition, le CHP.
“Un crime”
« Encore une fois, le RTUK ne nous surprend pas en nous sanctionnant. Ceux qui sont arrivés au pouvoir en critiquant la répression interdisent maintenant tout et attendent qu’on leur obéisse. (…) Halk TV va continuer à informer et la Turquie ne restera pas sans nouvelles », a twitté Cafer Mahiroglu, le patron de Halk TV.
« Agissant comme une commission de censure, le RTUK ne parviendra pas à cacher la vérité en sanctionnant les chaînes qui reportent le malheur de la population dans la région touchée par le séisme. Le RTUK commet un crime en ignorant le droit de la population à être informée », a réagi de son côté le président de l’Association des journalistes de Turquie, Nazmi Bilgin, dans un communiqué.
Erdogan reconnaît des “lacunes”
Le gouvernement turc est vivement critiqué par l’opposition et des médias indépendants pour son absence et le manque de réaction pendant les premiers jours dans des localités dévastées par le séisme d’une magnitude de 7.8.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait reconnu la semaine dernière des « lacunes » dans l’organisation des secours, tout en insistant sur l’énormité du tremblement de terre. « Leur incompétence a coûté la vie à des dizaines de milliers de nos compatriotes », a accusé le chef du CHP Kemal Kilicdaroglu. La Turquie, qui s’est dotée en octobre d’une loi punissant la diffusion de « fausses nouvelles » de peines allant jusqu’à trois ans de prison, pointe à la 149e place sur 180 du classement 2022 de la liberté de la presse publié par Reporters sans Frontières (RSF).