L’Institut National de Pédologie (INP) s’affirme comme un acteur clé dans le développement agricole au Sénégal. Avec la mise en place de diverses technologies, cet établissement scientifique et technologique vise à lutter contre la dégradation des terres. Cela passe par la connaissance des sols et la promotion des bonnes pratiques de gestion durables des terres.
Dans le cadre de son vaste programme de renforcement des capacités des producteurs, l’Institut a pour objectif d’accompagner ces dans l’amélioration de la base productive (sol). Cela passe notamment par la prise en compte des besoins nutritionnels des plantes, ainsi que la promotion de bonnes pratiques de gestion durable des terres.
C’est dans ce contexte que la Direction générale de l’INP a initié une visite sur plusieurs sites, dont celui de Goudomp, dans la région de Sédhiou. Cette visite s’inscrit dans le cadre du Projet de Développement de la Chaîne de Valeur du Riz (PDCVR). Un programme qui vise à améliorer la production de riz dans le pays et à renforcer l’autosuffisance alimentaire.
Alpha Baba Sonko, producteur agricole et membre de l’Association pour la Protection de l’Environnement et du Développement à la Base (APEB), a exprimé son soutien au projet PDCVR et à l’INP. « Dieu sait pour dire vrai, moi j’ai beaucoup de respect, beaucoup d’estime sur le projet PDCVR et l’INP. Et la combinaison PDCVR et INP nous a beaucoup aidé pour dire vrai », a-t-il déclaré. Le producteur, qui cultive du riz depuis plusieurs années, insiste sur l’importance des analyses de sol réalisées par l’INP pour identifier les manquements et corriger les problèmes de fertilité. Ces analyses permettent d’adapter les pratiques agricoles aux spécificités des sols locaux.
Alpha Sonko apprécie particulièrement l’appui du PDCVR en matière d’intrants en déclarant qu’ « il y en a en quantité suffisante et c’est au bon moment aussi ». Selon lui, cela a permis d’améliorer considérablement la production par rapport à l’année précédente.
Lors de la visite, le producteur a partagé ses observations concernant les différentes pratiques expérimentées sur le terrain. Il a mentionné que la combinaison d’engrais organiques, tels que le Tossgui, avec le NPK semble donner de meilleurs résultats en termes de rendement. Il précise : « Le NPK c’est bien, mais la combinaison aussi avec la graine organique, c’est bien, mais la combinaison avec l’engrais organique c’est encore mieux. Nous devons apprendre à utiliser ces ressources de manière optimale pour maximiser notre production ». Pour rappel, les équipe de l’INP ont subdivisé les parcelles d’essai en quatre : La première parcelle est la parcelle témoin, représentant les pratiques paysannes. La deuxième parcelle utilise un biofertilisant organique (Tossgui), la troisième reçoit un engrais minéral NPK, et la quatrième combine les deux (NPK et Tossgui).
Le projet PDCVR vise l’auto-suffisance en riz, et Alpha Baba Sonko est convaincu de la faisabilité de cet objectif. « Ah oui, ça je vous le garantis. Nos vallées sont suffisamment aménagées. Je crois qu’il y a assez de volonté au niveau local. Nous avons les ressources naturelles nécessaires pour produire suffisamment de riz », assure-t-il. Il estime que les ressources naturelles sont largement sous-exploitées, et qu’avec un soutien adéquat, le département de Goudomp pourrait devenir un pôle de production de riz pour la région de Casamance.
Dans son intervention, il a également évoqué la nécessité d’un soutien accru des autorités pour améliorer l’aménagement des terres et fournir les équipements nécessaires. « On a besoin de motoculteurs, de tracteurs, surtout, les engins lourds pour faire des grands espaces et les motofaucheusses. Vous avez remarqué, toutes les récoltes qu’on fait ici c’est avec les fossiles. Donc du coup, il faut avoir les motofaucheusses aussi pour au moins faucher les récoltes rapidement » a-t-il déclaré. Selon lui, l’aménagement des vallées et des parcelles est nécessaire pour maximiser la production. Il a notamment évoqué les problèmes liés à la salinité des sols, à l’acidité et à la toxicité ferreuse, qui entravent la croissance des cultures.
À Goudomp, le potentiel de production est immense. Alpha Baba Sonko a déclaré : « Imagine-toi, c’est un don de Dieu pour nous. Chaque village a des vallées de milliers d’hectares, de la Guinée-Bissau jusqu’au fleuve Casamance. C’est des milliers d’hectares qui sont là, mais très peu exploités et très mal exploités ». Son souhait est d’encourager les dirigeants à mettre en place des services spécialisés pour l’agriculture, similaires aux génies militaires, afin d’optimiser l’exploitation de ces ressources.
Sanousy Sané, représentant de l’Institut National de Pédologie, a apporté des précisions sur la méthodologie adoptée dans le cadre du projet PDCVR. Il a expliqué que l’INP ne se contente pas de fournir des solutions, mais qu’il s’engage à vulgariser des technologies adaptées aux réalités des producteurs tout en privilégiant une approche inclusive. « Notre partenaire privilégié, c’est le paysan. Nous allons sur le terrain pour identifier les vallées exploitables et comprendre les besoins des producteurs », a-t-il déclaré. Il insiste sur l’importance de l’implication des producteurs dans le processus d’expérimentation et d’adoption de nouvelles pratiques.
« Le paysan est le plus grand vulgarisateur de toutes les bonnes technologies », a-t-il affirmé. Il affirme que lorsque les producteurs sont associés aux projets, ils sont plus enclins à adopter les nouvelles techniques, car ils en comprennent l’intérêt. En effet, ce sont eux qui, en fin de compte, exploiteront ces nouvelles méthodes sur le terrain. « Nous voulons que chaque producteur devienne un ambassadeur des bonnes pratiques auprès de ses pairs, car c’est ainsi que nous pourrons étendre notre impact », a-t-il ajouté.
Cependant, il a également reconnu les défis rencontrés sur le terrain. « Les paysans sont parfois réticents à accepter de nouvelles technologies à cause de raisons socio-culturelles », a-t-il déclaré. Sanousy Sané a partagé des exemples de producteurs hésitant à adopter des engrais chimiques, craignant leurs effets sur la santé des sols. Il a précisé que ces résistances doivent être surmontées par des actions de sensibilisation et de formation continues.
Ainsi, avec l’appui de l’INP et du PDCVR, les producteurs de Goudomp se tournent vers un avenir prometteur, où l’auto-suffisance en riz pourrait devenir une réalité. Les efforts conjugués des différents acteurs pourraient transformer la région en un véritable grenier de production et garantir une alimentation saine et accessible pour tous. La route reste encore semée d’embûches, mais l’engagement des producteurs et des institutions laisse entrevoir un avenir meilleur pour l’agriculture sénégalaise.