Taïwan dit avoir détecté 153 avions chinois en une journée près de l’île, un record

Taïwan a annoncé mardi avoir détecté un nombre record de 153 avions chinois en une journée près de l’île, à l’issue de manœuvres militaires chinoises d’encerclement du territoire, géré de manière autonome.

Les manoeuvres chinoises se sont produites au cours d’une période de 25 heures terminée à 06H00 locales mardi (22H00 GMT lundi), selon des données publiées par le ministère taïwanais de la Défense, qui a précisé que 14 navires chinois avaient également été détectés pendant la même période.
 
Sur ces 153 avions, 111 ont franchi la ligne médiane du détroit de Taïwan, qui coupe en deux ce détroit de 180 kilomètres de large entre l’île et la Chine continentale.
 
Les manœuvres militaires chinoises se sont déroulées quelques jours après un discours du président taïwanais Lai Ching-te, lors de la fête nationale de l’île jeudi.
 
M. Lai s’était engagé à « résister à l’annexion » chinoise de Taïwan ou « à l’empiètement de (sa) souveraineté ».
 
La Chine considère Taïwan comme l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.
 
Mardi, Tokyo a dit avoir exprimé ses « préoccupations » auprès de Pékin au sujet de ses manœuvres militaires et a envoyé des avions de chasse près de l’île méridionale japonaise de Yonaguni.
 
« Le gouvernement surveille de près, avec une extrême attention, les activités concernées, et a fait part à la partie chinoise des préoccupations du Japon », a déclaré à la presse le secrétaire général adjoint du gouvernement, Kazuhiko Aoki.
 
M. Aoki a par ailleurs indiqué que deux navires de la marine chinoise, dont le porte-avions Liaoning, avaient navigué dimanche dans des eaux proches de Yonaguni. Des avions militaires chinois ont ensuite décollé du Liaoning et y ont atterri lors de manoeuvres militaires lundi, a-t-il ajouté.
 
De son côté, le ministère taïwanais des Affaires étrangères a exhorté mardi Pékin « à ne pas causer de troubles sans raison et à ne pas devenir un fauteur de troubles qui sape la paix et la stabilité ».
 
– « Avertissement » –
Ces exercices ont été présentés par l’armée chinoise comme un « avertissement » aux « séparatistes » de Taïwan, Pékin accusant régulièrement les autorités taïwanaises de militer pour l’indépendance du territoire.
 
Les relations entre Pékin et Taipei sont exécrables depuis 2016 et l’arrivée à la présidence taïwanaise de Tsai Ing-wen, puis de Lai Ching-te en 2024.
 
La Chine les a régulièrement accusés de vouloir creuser la séparation culturelle entre l’île et le continent. En réponse, Pékin a notamment renforcé son activité militaire autour du territoire.
 
Nommés Joint Sword-2024B (« Epées tranchantes unies-2024B »), les exercices de lundi se sont notamment déroulés dans des zones situées au nord, au sud et à l’est de Taïwan, selon l’armée chinoise.
 
Des habitants de Taipei ne semblaient pas effrayés. « Menacer avec la force militaire n’est pas grave et nous ne pensons pas qu’il soit possible qu’elle (la Chine) nous envahisse par la force », a déclaré à l’AFP Lai Chih-wai, un retraité de 78 ans. « Nous n’en sommes pas encore là. Leur action ressemble à celle d’un chien en train d’aboyer ».
 
L’Union européenne a appelé lundi toutes les parties à « faire preuve de retenue ».
 
Les Etats-Unis ont dénoncé des opérations « injustifiées ». Depuis 1979, Washington reconnaît Pékin au détriment de Taipei comme seul pouvoir chinois légitime, mais reste l’allié le plus puissant de Taïwan et son principal fournisseur d’armes.
 
Des milliers de Marines américains et philippins ont lancé mardi dix jours d’exercices –prévus de longue date– dans le nord et l’ouest des Philippines, des opérations axées sur la défense de la côte nord, qui fait face à Taïwan.
 
Le colonel Stuart Glenn, représentant des Marines américains, a expliqué que l’exercice permettrait aux « partenaires et alliés (des Etats-Unis) dans la région de se réunir pour s’améliorer » et être en mesure de « répondre à n’importe quelle (…) crise ou situation d’urgence ».
 
Alors que les exercices commençaient, le gouvernement philippin a annoncé qu’un de ses navires civils de patrouille avait été légèrement endommagé le 11 octobre après avoir été « délibérément heurté » par un navire de la « Milice maritime chinoise ».
 
Les accrochages de ce type se sont multipliés ces derniers mois, alors que Pékin revendique sa souveraineté sur la quasi-totalité des récifs et îlots inhabités de la mer de Chine méridionale.

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