Un soldat somalien a été condamné à la peine de mort lundi 19 juin pour le meurtre du ministre des Travaux publics et de la reconstruction Abdullahi Siraji, survenu en mai. La défense assure que l’accusé a tiré par erreur, alors qu’il était chargé, le soir du drame, de la sécurité d’un autre haut responsable somalien.
« Après avoir pris en compte les preuves présentées devant ce tribunal, dont les témoignages, les photos du véhicule utilisé, l’analyse de la scène de crime et de l’arme à feu utilisée pour le meurtre, la cour est convaincue que l’accusé est coupable de ce dont il est inculpé », a déclaré le colonel Hassan Ali Nur Shute, président du tribunal militaire, lundi 19 juin. « La cour le condamne à la peine de mort », a ajouté la même source, précisant que « quiconque n’étant pas satisfait de ce verdict peut faire appel ».
Les circonstances exactes et le mobile du meurtre restent flous. La défense soutient que l’accusé, âgé de 29 ans et membre de la marine somalienne, avait vu la voiture du ministre des Travaux publics et de la reconstruction Abdullahi Siraji approcher de celle du contrôleur général des finances publiques Nur Jimale mais, ignorant qu’un ministre était dans le véhicule, il l’avait considéré comme suspect.
DES GARDES DU CORPS SUR LES DENTS
Au soir du mercredi 3 mai 2017, Nur Jimale se trouvait à bord d’un pick-up aux abords du palais présidentiel à Mogadiscio, lorsque ses gardes du corps auraient aperçu une voiture, selon eux, en train de les suivre. Identifiée comme une menace, ils auraient décidé d’ouvrir le feu sur le véhicule. Les occupants de celui-ci auraient ensuite riposté, sans savoir précisément qui était à l’origine des coups de feu. Et c’est dans cet échange de tirs qu’Abdullahi Siraji aurait été mortellement touché. Nur Jimale avait de suite confirmé à la presse locale que ses gardes du corps étaient en cause. Il avait ensuite été limogé.
Dans une ville minée par les attaques à la voiture piégée, menées par les insurgés islamistes shebab, affiliés à Al-Qaïda, de nombreux responsables, riches somaliens ou étrangers se déplacent à Mogadiscio escortés de soldats armés ayant souvent la détente facile. De nombreux civils ont de la sorte été tués « par erreur » par des soldats soupçonnant une éventuelle attaque.
LE MINISTRE SIRAJI, SOURCE D’INSPIRATION
L’histoire du jeune ministre Siraji était perçue comme une source d’inspiration dans un pays ravagé par les conflits et l’anarchie depuis 25 ans. Il était, à 31 ans, le plus jeune membre du nouveau gouvernement nommé en mars 2017.
Il avait grandi dans le camp de réfugiés de Dadaab, au Kenya, et avait, en 2016, remporté une victoire surprise contre un ancien ministre pour devenir député. Il avait aussi été l’un des invités du premier « Ted Talk » de Mogadiscio, en avril 2017, pour lequel il était revenu sur son parcours. Dans un communiqué, le gouvernement s’était déclaré « profondément attristé » par la mort d’Abdullahi Siraji, qui était en poste depuis le 4 avril 2017. Le président somalien Mohamed, dit « Farmajo », qui était en visite officielle en Éthiopie au moment du drame, avait écourté son déplacement pour assister aux funérailles de son ministre. Il avait ordonné à ses chefs des services de sécurité « de s’assurer que les coupables rendent des comptes ».