Sénégal : Près de 1400 parcelles construites sur des zones inondables (DPGI)

« Il y aura des inondations et il va y en avoir », avertit Madické Cissé, directeur de la Prévention et de la Gestion des Inondations (DPGI). Alors que l’hivernage 2025 s’annonce, les autorités sénégalaises misent sur une approche scientifique et participative pour anticiper les impacts et limiter les dégâts. Réuni le 11 avril à Dakar sous la présidence du ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Dr Cheikh Tidiane Dieye, le Comité national de gestion des inondations a lancé des opérations pour contrer les inondations. L’enjeu c’est d’éviter la répétition des scénarios dramatiques des années passées en misant sur la connaissance fine du terrain et une coordination multisectorielle.
 
Pour Madické Cissé, la grande nouveauté de cette année est l’installation d’une salle de crise nationale au sein de la DPGI. Dans cette cellule, les données seront collectées en temps réel grâce à la participation directe des populations locales. « Il suffit qu’une personne prend une photo sur site et nous l’envoi automatiquement. Nous, on va connaître la situation dans ce quartier là et on va analysé l’environnement. On saura quelle serait la source de cette inondation là. Est-ce que c’est lié pratiquement à un ouvrage qui est bouché? Ou bien est-ce que c’est lié à la topographie ? Ou simplement parce que c’est une zone de cuvette ou bien est-ce que c’est lié quelque part à une quantité de pluie hors norme? De là des décisions pourront être prises mais ce qui est beaucoup plus important également, c’est la surveillance des événements pluviométriques avant qu’on en arrive là », a explique M. Cissé. À l’en croire, ces images permettront une analyse rapide des causes d’inondation : canal bouché, topographie en cuvette ou pluies exceptionnelles.
 
Parallèlement, les plans communaux de sauvegarde seront déployés dans toutes les villes, avec pour chaque zone une cartographie des risques et des mécanismes d’alerte communautaires.
 
Des prévisions à l’avance grâce à l’Anacim
 
Autre levier de la stratégie préventive : la météo. En collaboration avec l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim), les autorités pourront désormais anticiper les pluies entre deux et trois heures à l’avance. « On saura où il va pleuvoir, quelle quantité, et à quelle heure. Cela nous permet d’alerter les populations en amont », a assuré le directeur de la DPGI. Malgré ces efforts, Madické Cissé reste réaliste. « Il ne faut jamais dire qu’il n’y aura pas d’inondations. Car deux facteurs se conjuguent : la vulnérabilité du terrain – notamment l’occupation anarchique de zones inondables – et l’aléa climatique, impossible à maîtriser. Vous pouvez avoir un canal de 2 mètres, s’il tombe 200 mm d’eau, il ne tiendra pas », a-t-il rappelé.
 
Les services techniques de la DPGI ont déjà identifié « 1 398 parcelles construites sur des voies d’eau naturelles, grâce à un travail conjoint avec les Domaines et le Cadastre. » Ces sites sont considérés comme irrécupérables à court terme. « C’est lié à la vulnérabilité du site, on ne peut rien faire contre cela et pour les gens qui vivent sur place », a reconnu l’expert.
 
À l’échelle nationale, 29 villes ont été recensées comme à risque, dont une quinzaine classées hautement vulnérables. Parmi elles : Touba, Kaolack, Kaffrine, Saint-Louis, Ziguinchor et l’axe Dakar-Mbour-Thiès. Ces zones feront l’objet d’un suivi rapproché avec des actions ciblées avant et pendant l’hivernage.
 
Le gouvernement entend désormais ancrer une culture de l’anticipation fondée sur la science, la participation citoyenne et une gouvernance décentralisée.

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