Sept ans. C’est la peine de prison demandé par le procureur à l’encontre de Khalifa Sall. Sept ans de prison pour détournements de deniers publics et une amende de 5,5 milliards de francs CFA, ce qui correspond à 3 fois la somme qui aurait été détournée. Le code pénal prévoit pour ce type d’infraction une peine maximale de 10 ans de prison. Le réquisitoire du procureur était très attendu. Accusé par la défense d’avoir mené son enquête à charge, le procureur a donc demandé au tribunal d’appliquer des sanctions exemplaires.
C’était attendu, Bassirou Gueye a eu la main lourde. Pour le procureur, Khalifa Sall est coupable de tous les faits qui lui sont reprochés. Cherchant visiblement à l’adresser à l’opinion, le procureur a attaqué son réquisitoire avec cette déclaration « Toi Sénégalais lambda, toi qui n’est intéressé que par la vérité, toi qui n’a pas profité du partage de gâteau, voilà la vérité ».
Concrètement, ce n’est pas le chef d‘inculpation le plus grave mais Bassirou Gueye a mis l’accent sur le faux et usage de faux, chef d’inculpation qui peut entrainer un retrait des droits civiques. « Les factures utilisées pour décaisser l’argent sont doublement fausses. Rien que pour ce fait, la loi vous condamne entre 3 et 7 ans de prison ».
Accusé maintes fois par la défense d’avoir mené l’enquête à charge, le procureur répète d’ailleurs : « ce n’est pas moi, c’est la loi ». Cela a provoqué la satisfaction des avocats de l’Etat, ici maître Yérim Thiam : « Il me semble conforme à la loi. Je ne vois pas pour quelle raison M. Khalifa Sall en particulier devrait échapper à la rigueur de la loi. »
Pour Bassirou Gueye, il n’y a donc pas de doute « des deniers publics ont bel et bien été détournés ». « Khalifa Sall dit qu’il n’a pas touché un franc mais il y a bien escroquerie ». Bassirou Gueye a aussi listé les arguments de la défense qui affirme que les fonds sont politiques « tout ce que la défense touche devient de l’or pour le procureur », déclare Bassirou Gueye avant de conclure : « Les fonds ne sont pas politiques, ça n’existe pas à la mairie. Il y a donc bien détournements de deniers publics ».
Pour maître Khoureyssi Ba, avocat de Khaifa Sall, le réquisitoire du procureur est loin de la réalité. « Nous avons eu mal pour nos clients, nous avons eu mal pour la démocratie sénégalaise, mais nous aurons largement le temps d’y répondre point par point. » Les avocats de Khalifa Sall auront trois jours, lundi, mardi et mercredi, pour dérouler leurs plaidoiries, répliquer au procureur, aux avocats de l’Etat et chercher à prouver l’innocence de leur client.