Il y a le gaz et ses répercussions sur la pêche locale. Il y a le manque d’écoles et d’hôpitaux. Mais à Saint-Louis, il y a surtout des inondations et le manque d’assainissement qui compromettent actuellement les conditions de vie des populations. La tournée du député Pape Djibril Fall, a permis de pointer les innombrables problèmes de Saint-Louis.
Pas de répit pour le nouvel élu du peuple ! Alors que les combines politiciennes font rage à Dakar pour la constitution de groupes parlementaires et le perchoir de l’Assemblée nationale, Pape Djibril Fall est sur le terrain depuis le 31 juillet 2022 pour s’imprégner de la réalité quotidienne des populations. « Saint-Louis est une ville stratégique, mais ceux qui ont en charge sa gestion, qu’ils soient maires ou députés, ont fini de démontrer leur incompétence. On leur décerne un certificat d’échec. Les quartiers que nous avons visités ne peuvent juste pas continuer à vivre comme ça ». C’est ce constat désolant qui a ponctué la visite de Pape Djibril Fall dans les quartiers inondés de la vieille ville de Saint-Louis, Guet Ndar. Guinaw Rails, Diami Naar et Guet Ndar…, tous ces quartiers offrent le spectacle affligeant de l’absence d’une véritable politique d’assainissement. L’honorable député a eu l’occasion pendant une semaine de partager les conditions de vie dantesques que ces populations du Nord subissent, au même titre que toutes les localités du pays d’ailleurs.
« Guinaw Rail » et « Diami Naar » pataugent
Dans la gadoue qui a suivi les fortes pluies du week-end, il faut avoir les mouvements souples pour se déplacer dans les quartiers de la capitale du Nord. A Guinaw rail 1, les habitants n’ont pas fini de déplorer la stagnation d’eaux de pluies précédentes qu’ils se voient confrontés à de nouvelles inondations. Ces populations vivent toute l’année dans les eaux. « Ni le service d’hygiène, ni la direction de la protection civile ne pointent le bout du nez. Guinaw rail 1, Guinaw rail 2 et Médine, malgré la présence d’une station de pompage des eaux pluviales, restent une zone impactée par les eaux et les maisons abandonnées et d’autres habitées dans des conditions dégradantes », déplorent-ils. Le danger est permanent et la banalisation de ce dernier est bouleversant.
A Diami Naar, la situation n’est pas plus reluisante. Sa particularité est que c’est un quartier du centre de ville de Saint-Louis mais qui n’a pas grand-chose à envier aux bidonvilles. Les populations nous renseignent que ça fait quatre décennies que cet état de fait est devenu la norme. « Depuis 40 ans nous cohabitons avec les eaux ». Accroché au mur, un tableau porte la doléance absolue des résidents. Il y est écrit : « Nous demandons la restructuration du quartier Diami naar ». L’honorable député s’est fait le porte-voix des Saint-louisiens pour que les pouvoirs publics leur viennent en aide. « J’interpelle justement le ministre de l’Intérieur pour que le plan Orsec fasse ses preuves le plus rapidement possible ici. Je n’ai pas senti de plan Orsec ici, tout ce que j’ai vu ce sont des populations laissées à elles mêmes ».
Manque d’aires de jeu, d’infrastructures publiques…
Et si toutes ces inondations étaient le résultat de la forte pression foncière que subit St. Louis ? Car, exceptés l’assainissement et les inondations, Saint-Louis étouffe. A Diami
Naar, les vivants empiètent le domaine des morts pour se défouler. Les jeunes, par manque de terrain de foot, jouent dans un cimetière. Ce même reposoir sert accessoirement de meeting des politiciens alors qu’une grande partie est déjà engloutie par les eaux. A Pikine 700, considéré comme « le plus grand quartier de Saint-Louis », le déficit d’espaces collectifs est tangible. L’Asc « réveil » nous fait constater l’absence de terrains de foot. Les jeunes sont obligés d’aller jusqu’à la sortie de la ville pour s’entraîner en faisant le trajet à pied. Pikine 700 manque aussi de marché. Le chômage des jeunes est criard. Les jeunes interpellent les quelques multinationales présentes dans la zone de bafouer la dignité des jeunes qui y travaillent avec des sommes dérisoires. Aucun lycée aussi dans cette zone vue par les habitants comme « le plus grand quartier de Saint Louis »
Guet Ndar, le quartier qui manque de tout
A cela, s’ajoutent les problèmes classiques de Saint-Louis comme l’embouchure meurtrière à Guet Ndar qui a « englouti » plus de 550 personnes dans cette zone dangereuse de la mer. Les pêcheurs souffrent d’un problème d’accès à la ressource. Les navires étrangers pillent les fonds marins. La zone d’exploitation qui leur permettait de gagner leur pain quotidien est désormais une zone d’exclusion avec l’exploitation du gaz. La plateforme est installée sous le nez des populations et aucune chance ne leur est donnée d’accéder à cette zone qui est pourtant la plus poissonneuse. Le coût écologique, la reconversion des pêcheurs, la RSE, les écoles, les cases de santé sont des préoccupations a priori beaucoup trop lointaines de résidents de Guet Ndar qui veulent avant tout être débarrassés du trop-plein d’eau.