« Cette réforme, elle est nécessaire, ça ne me fait pas plaisir, j’aurais voulu ne pas la faire, mais c’est pour ça aussi que j’ai pris l’engagement de la faire », a déclaré Emmanuel Macron, mercredi 22 mars, devant les caméras de TF1 et France 2, souhaitant une entrée en vigueur d’ici à la fin de l’année « pour que les choses rentrent en place ». « Il n’y a pas 36 solutions », a-t-il insisté.
Le président s’est dit prêt à « endosser l’impopularité » pour mettre en œuvre cette réforme : « Moi, je ne cherche pas être réélu […], mais entre les sondages de court terme et l’intérêt général du pays, je choisis l’intérêt général du pays », a affirmé M. Macron, ajoutant que « s’il faut derrière endosser l’impopularité aujourd’hui, je l’endosserai ». Le chef de l’État a regretté que les syndicats n’aient pas présenté de « proposition de compromis » sur le texte de la réforme, soulignant que le gouvernement l’a fait, en revanche, « avec le Parlement ».
« Ni les factieux ni les factions »
« On ne peut accepter ni les factieux ni les factions » après l’adoption par 49.3 de la réforme des retraites, a poursuivi Emmanuel Macron, dénonçant chez des manifestants des « groupes qui utilisent la violence ». « Quand les États-Unis d’Amérique ont vécu ce qu’ils ont vécu au Capitole, quand le Brésil a vécu ce qu’il a vécu […], je vous le dis très nettement », « on ne peut accepter ni les factieux ni les factions », a expliqué le chef de l’État en référence à des épisodes insurrectionnels vécus par les institutions dans ces deux pays. « On ne tolèrera aucun débordement », a-t-il ensuite insisté.
Déficit, « la formule magique »
Emmanuel Macron a considéré que « le projet de toutes les oppositions et de tous ceux qui s’opposent » à la réforme des retraites, « c’est le déficit », qu’il a comparé à une « formule magique ». « Qu’est-ce que c’est le déficit ? », a interrogé le chef de l’État. « Ça veut dire, de fait, que vous choisissez de faire payer vos enfants parce que, aujourd’hui, vous refusez de décider avec clarté et courage », a-t-il poursuivi.
Emmanuel Macron a assuré Élisabeth Borne de sa confiance : « Elle a ma confiance pour conduire cette équipe gouvernementale », a-t-il souligné, en précisant lui avoir demandé « de bâtir un programme législatif, un programme de gouvernement […] pour avoir à la fois moins de textes de loi, des textes plus courts, plus clairs, pour aussi changer les choses pour nos compatriotes de manière plus tangible ».
Parole attendue
La parole d’Emmanuel Macron, en retrait depuis janvier 2023 sur ce « dossier phare » de son second quinquennat qui a viré à la crise politique, était très attendue, à la veille d’une nouvelle journée de mobilisation syndicale, et alors que des manifestations non autorisées et émaillées de tensions se poursuivent chaque soir dans toute la France. Les grèves et blocages se poursuivent par ailleurs, notamment dans les dépôts pétroliers.
Enfin, le président a aussi dénoncé le « cynisme » de certaines « grandes entreprises » qui ont dégagé d’importants bénéfices exceptionnels leur permettant de racheter leurs propres actions en Bourse. Il leur a également demandé « une contribution exceptionnelle » pour que « les travailleurs puissent profiter » de cet argent, ajoutant qu’il compte « demander au gouvernement de travailler sur une contribution exceptionnelle ».