REGAIN DE TENSION EN CASAMANCE : « Le regard inquiet d’un « Fiju di terra »

Mr ALASSANE SARR, est le Président de la CONVENTION des ZIGUINCHOROIS, et Secrétaire Général de VEECOZI, (volontaires pour l’émergence économique de Ziguinchor)

Mr Sarr, Comment avez vous vécu le massacre des 15 personnes dans la forêt de Bofa-Bayote ?

Douleur, indignation, impuissance et inquiétude, sont les sentiments qui m’habitent depuis le jour où ces crimes odieux ont été perpétrés.

La paix en Casamance est au cœur des préoccupations de tous les sénégalais. Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, le Président de la République son Excellence Macky Sall a fait du développement économique et social de notre région une priorité. Il a posé des jalons forts pour combler certains déficits et lister ici les programmes initiés pour accompagner cette accalmie qui présageait d’une paix définitive risque d’occuper tout ton papier.

Ceci dit, ce qui est arrivé aurait pu être évité si la sérénité et  de la mesure avaient été observées lors des incidents qui ont servis de prétexte à ce drame. A mon avis tout est parti de la condamnation des jeunes du comité de vigilance à un mois de prison ferme alors que la peine aurait dû être commuée à une condamnation avec sursis.

Pour rappel ces comités de vigilance avaient été mis sur pied avec la bénédiction de l’État (Ministère de l’Environnement avec Ali El Aidar) pour freiner les trafiquants de bois.

On se souvient encore de l’indignation générale  suscitée par les images satellitaires diffusée sur la coupe sauvage de la forêt en Casamance et  les nombreux camions étrangers qui les convoyaient hors du pays.

Après la condamnation de ces jeunes des comités de veille, il aurait fallu être en alerte, être vigilant parce les populations avaient selon des témoins, dit que dorénavant, ils prendraient leur responsabilité. Ce genre de commentaires n’est pas à négliger et le rôle des services de renseignement aurait été à mon avis d’alerter pour parer à d’éventuelles représailles de la part des populations.

QUELLE APPRÉCIATION FAITES-VOUS DES NOMBREUSES SORTIES DANS LES MÉDIAS DES RESSORTISSANTS CASAMANÇAIS?

J’ai écouté Robert Sagna au début de cette affaire. Il a appelé à de la retenue et de la sérénité. Il a eu la réaction d’une personne responsable. Par contre je regrette les sorties intempestives de certains de mes aînés, qui dans le feu de l’émotion on écumé les médias (plateaux télé, radio, journaux écrits) pour parfois et très souvent faire des déclarations qui ne nous honorent pas, nous Casamançais.

Sérénité et retenue aurait dû observer Mr Pierre Goudiaby Atépa, qui sous le coup de l’émotion et la douleur a déclaré à travers les médias qu’il connaissait les commanditaires et qu’ils habitent dans la banlieue dakaroise.

Cette déclaration a fait enfler la polémique car sans préciser sa pensée, beaucoup de gens ont cru que Mr PGA disait qu’il connaissait les commanditaires de ce massacre.

Il reviendra avec plus de précision par la suite d’ailleurs.

Je pense qu’à son niveau de responsabilité, ce genre de déclaration devrait dû se faire dans le secret du bureau d’un Procureur de la République ou d’un Juge d’instruction.

AVEC CE MASSACRE, NE DEVRAIT-ON PAS CRAINDRE POUR LE PROCESSUS DE PAIX ?

Cette barbarie n’entravera pas le processus de paix.

Les déclarations du Mfdc sont tout de même sincères, quelque soit le prisme par lequel on veut les considérer. Je le dis parce que ce sont les populations de Casamance qui veulent la paix. C’est une aspiration profonde des casamançais et des sénégalais dans leur majorité.

A mon avis le conflit a été trop intellectualisé avec des livres écrits par ci et par là, des théories sur les origines du conflit et ses conséquences, des mouvements pour la paix qui foisonnent, les ‘’Assises du MFDC’’ évoquées sans jamais se tenir,  ‘’San Egidio’’ qui s’en mêle sans que le citoyen lambda sache qui ils sont et que peuvent t-ils apporter pour la résolution de cette crise ?…..

Tous sans jamais dire au peuple sénégalais ce qui se trame ? Où en est-on dans ce processus de paix ? Quelles alternatives aux négociations?  Qui doit s’asseoir à la table si négociations il y avait ?

Je ne crois pas que Salif Sadio, César A. Badiatte, Ibrahima C. Diatta acceptent un jour de se mettre tous les trois autour d’une table pour négocier l’indépendance de la Casamance avec l’État. Négocier séparément avec chacun d’eux comporte des risques de conduire à une situation ingérable pour l’État et dès lors ce sera le pourrissement à jamais de cette crise.

A mon humble avis il faut arriver à instaurer le Dialogue.

Un Dialogue sincère de part et d’autre et passer aux choses concrètes avec des relais non des médiateurs.

 À QUOI DOIT ABOUTIR CE DIALOGUE ?

Ce dialogue doit forcément aboutir à un développement social et économique de la Casamance, la mise en œuvre de tous les projets que son Excellence Mr Macky Sall a décliné pour la région.

Lorsque SE le Président de la République Mr Macky Sall, déclarait qu’il voulait l’autosuffisance en riz à l’horizon 2017, au même moment S. Sadio déclarait qu’il venait d’interdire à ses hommes la culture du cannabis. Je me suis dit quelle belle opportunité de dialogue !

Proposer à Salif Sadio un schéma économique de sortie de crise dans lequel L’État fournirait les intrants et les outils pour cultiver du riz et rachèterait en retour toute la production.

Ce qui aurait comme conséquences :

De permettre aux maquisards d’avoir de quoi subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles dans leurs villages (ils ont pour la plupart épouses et enfants dans leurs villages, entretenus nuitammentet de revenir dans la vie civile avec dignité. Ce qui règle le problème de la réinsertion et nous éviterait les images des repentis campés à Sangalkam et qui menacent de retourner dans le maquis, las d’attendre de recevoir ce qui leur avait été promis.

§ De régler le problème du déminage (car si le principe est admis par les hommes du maquis, ils procéderont eux-mêmes au déminage des zones à cultiver)

§  De créer un effet ‘’boule de neige’’ car les autres cantonnements seront à coup sûr séduits par cette porte de sortie empruntée par leurs collègues.

Pensez vous que ces jeunes qui sont dans le maquis ne rêvent pas de vivre en toute quiétude leur époque à l’ère des NTIC, de la 4G, WhatsApp, Youtube, Facebook et autres….

Quel appel allez vous lancer aux protagonistes dans cette affaire ?

J’ai dit en introduction que j’étais inquiet. En effet si je pense à la tournure que pourraient prendre les tirs de canons, les ratissages, les arrestations, mon inquiétude grandit. Tout espoir de paix risque de disparaître à jamais si on y prend garde. J’en appelle au sens des responsabilités des Forces Armées et des Forces de l’Ordre, de la Justice et de l’Administration ; de l’État d’une façon générale.

Il faut éviter de tomber dans les travers de la délation, de la dénonciation, et des arrestations intempestives telles qu’on les a connus par le passé. Cesser les tirs et les bombardements et mener les enquêtes avec sérénité et efficacité. Ne pas « vendanger » des acquis certains, obtenus depuis l’avènement de Mr Macky Sall,

Recueillis par Charles Senghor (La Tribune) avec Gms

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