PUIGDEMONT PROMET L’INDEPENDANCE de la Catalogne mais tend la main à Madrid

Le président de la Catalogne Carles Puigdemont a proclamé mardi le droit de la région du nord-est de l’Espagne à devenir un État indépendant tout en suspendant la mise en œuvre du processus afin de permettre un dialogue avec Madrid.

Pris entre deux feux, le président séparatiste catalan, Carles Puigdemont, a renoncé, mardi 10 octobre, à déclarer immédiatement l’indépendance, évoquant une « suspension » en vue d’un dialogue et semant la confusion sur ses intentions.

« J’assume le mandat selon lequel la Catalogne doit devenir un État indépendant sous la forme d’une République », a-t-il tout d’abord dit devant le Parlement de Barcelone, avant d’ajouter : « Je propose de suspendre la mise en oeuvre de cette déclaration d’indépendance pour entamer des discussions afin de parvenir à une solution négociée. »

Dans une première réaction, le gouvernement conservateur espagnol a estimé qu’une « déclaration implicite d’indépendance (….) n’est pas admissible », a indiqué un porte-parole à l’AFP.

Et à l’autre bout de l’échiquier politique, la CUP (Candidature d’unité populaire), parti d’extrême gauche qui fait partie de la majorité indépendantiste au Parlement catalan, a regretté « une occasion perdue de proclamer solennellement la république catalane ».

« Vous ne pouvez pas suspendre une déclaration qui n’a pas été faite », a tranché le leader socialiste catalan, Miquel Iceta, résumant le flou autour des intentions de Carles Puigdemont.

Appel au dialogue de Puigdemont vs fermeté de Madrid

Pressé de toutes parts, l’ancien journaliste de 54 ans a tenté de privilégier la voie médiane : il continue à parler d’indépendance à son électorat, mais garde une porte ouverte pour une solution négociée, qui s’annonce difficile. Au risque de décevoir une partie de ses supporters.

L’appel de Carles Puigdemont au dialogue risque en effet de se heurter à la fermeté de Madrid, alors que le défi lancé à l’État reste sans précédent depuis que le pays a retrouvé la démocratie en 1977.

Quelques heures avant son discours, la vice-présidente du gouvernement Soraya Saenz de Santamaria a notamment déclaré qu’il n’y avait « pas de place pour la médiation entre la légalité et l’illégalité, entre la loi et la désobéissance, entre la démocratie et la tyrannie ».

Jusqu’à la dernière minute, Madrid et l’Europe ont exhorté le leader séparatiste à ne pas prendre de décision « irréversible », rappelant que l’Union européenne ne reconnaîtrait pas une Catalogne indépendante.

Costume et cravate sombres, l’air grave, Carles Puigdemont a de son côté renvoyé Madrid au résultat du référendum d’autodétermination interdit du 1er octobre, au cours duquel le gouvernement catalan assure que le « oui » l’a emporté à plus de 90 %, mais avec seulement 43 % de participation.

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