Prix Marc-Vivien Foé 2020 : Le Nigérian Victor Osimhen élu joueur africain de l’année en Ligue 1

SPORTS : Au terme d’un exercice tronqué par la crise sanitaire liée au Covid-19, les performances du Lillois Victor Osimhen n’ont laissé aucune place au suspense. Le buteur nigérian a remporté l’édition 2020 du Prix Marc-Vivien Foé, remis au meilleur joueur africain de Ligue 1 de la saison.

Six ans que le Prix Marc-Vivien Foé n’avait plus rallié le Nigeria. Comme en 2014, lorsque le Lillois Vincent Enyeama avait été sacré, c’est à un autre Super Eagle du club nordiste que le trophée réservé au meilleur joueur africain de la saison en Ligue 1 sera prochainement remis.
 
Au terme d’une saison franchement réussie, malgré l’interruption due au Covid-19 (13 buts, 4 passes décisives), l’attaquant du Losc Victor Osimhen n’a laissé aucune place au doute. À 21 ans, il décroche sa toute première distinction individuelle assez largement (284 pts), devançant l’Algérien de l’AS Monaco Islam Slimani (95 pts) et le Marocain du Stade de Reims Yunis Albelhamid (89 pts).
 
Deuxième Nigérian à être couronné joueur africain de l’année en L1, il est aussi le sixième joueur de Lille à obtenir ce trophée, confirmant un peu plus l’expertise du club nordiste en matière de recrutement de perles africaines. Car si c’est en Belgique, un peu plus au Nord, que Lille est allé dénicher sa pépite, les premières lignes de l’histoire tumultueuse de Victor Osimhen s’écrivent bien plus au Sud.
 
Benjamin d’une fratrie de sept enfants, c’est au pied d’Olusosun, l’immense décharge de Lagos, que le futur attaquant du Losc grandit. Gamin, il accompagne sa mère au milieu des interminables bouchons du trafic automobile pour y vendre quelques sachets d’eau et obtenir de quoi manger.
 
De la galère à Lagos au sacre mondial
 
Un quotidien déjà difficile qui se complique plus encore, quelques années plus tard, au décès de sa mère. Dans la foulée, son père se voit privé de son emploi. De l’aveu même du joueur, la famille n’a pas le choix et doit « se serrer les coudes » pour s’en sortir. Andrew, son grand frère également porté sur le football, tire un trait sur ses rêves de carrière pour aller vendre des journaux. Mais Victor, lui, conserve cet objectif dans un coin de la tête, même s’il passe l’essentiel de son temps à travailler.
 
Quelques années plus tard, son histoire prend un tournant crucial. Comme des milliers de jeunes à l’époque, l’adolescent est mis à l’essai alors que le Nigeria prospecte afin de garnir les effectifs de ses sélections nationales de jeunes. Emmanuel Amunike, légende du football nigérian et sélectionneur des moins de 17 ans des Super Eagles, se laisse convaincre par le talent du jeune homme et décide de l’emmener disputer la Coupe d’Afrique des nations de sa catégorie d’âge.
 
La CAN-2015 des moins de 17 ans (U17), événement fondateur pour Victor Osimhen, puisqu’il y marque à quatre reprises et termine meilleur buteur de la compétition. En toute logique, il poursuit l’aventure avec Amunike et dispute la Coupe du monde U17. Dix buts plus tard – un record – Osimhen hisse les jeunes Nigérians sur le toit du monde. Et le prodige attire les regards au quatre coins de l’Europe.
 
L’Allemagne au pied du mur, puis l’échappée belge
 
C’est finalement Wolfsbourg qui tire le gros lot en faisant signer le pensionnaire de l’Ultimate Strikers Academy, au début de l’année 2017, après avoir établi un pré-contrat dès 2016. En théorie du moins, puisque les ennuis s’amoncellent pour la jeune recrue. Miné par les blessures et une adaptation compliquée en Allemagne, il ne parvient pas à s’imposer, ni même à obtenir un temps de jeu significatif (à peine une quinzaine de bouts de matches).
 
Et à l’été 2018, lorsqu’il rentre temporairement au pays pour y voir sa famille, il contracte la malaria avant son retour en Allemagne. Pas de préparation de début de saison pour la jeune pépite, contrainte d’observer une quarantaine médicale à Wolfsbourg.
 
Pour les dirigeants allemands, l’échec ne semble plus faire de doute. Proposé en prêt à plusieurs clubs belges, Osimhen atterrit donc à Charleroi, en manque de confiance et à court de forme. L’opération a tout d’un pari risqué. Mais en à peine trois semaines, le joueur parvient finalement à renverser la tendance. Dès les premières joutes de la Jupiler League, l’évidence saute aux yeux : le club belge a flairé le bon coup.
 
Osimhen récupère rapidement l’essentiel de sa condition physique et, dès septembre, il s’impose au sein du 11 titulaire pour ne plus le quitter. Son bilan en fait l’un des artificiers les plus en vue de son championnat, avec 19 buts inscrits sur la saison 2018/19.
 
Sans surprise, l’option d’achat négocié par Charleroi lors du prêt du joueur est levée à l’été suivant. Le club belge s’acquitte des 3,5 millions d’euros demandés alors par Wolfsbourg et revend le joueur dans la foulée à Lille, en échange d’un chèque d’une quinzaine de millions d’euros.
 
Lille et le précédent Pépé
 
Du côté du Losc, l’objectif est simple : trouver un remplaçant à Nicolas Pépé – Prix Marc-Vivien Foé 2019 – dont les 22 buts lors de la saison 2018/19 ont permis au club d’aller chercher la 2e place de Ligue 1. Courtisé partout en Europe, l’Ivoirien quitte alors sans surprise le nord de la France, direction Arsenal et pour un montant de l’ordre de 80 millions d’euros.
 
Le bon coup financier est indéniable, mais la perte sportive s’annonce difficile à compenser. Et pourtant… Dès son premier match, face au FC Nantes, Osimhen signe un doublé pour l’ouverture de la Ligue 1. Puis face à Saint-Étienne, deux journées plus tard, même tarif. Les débuts sont tonitruants, et le bilan de fin de saison, même tronqué par la crise sanitaire liée au Covid-19, confirme la tendance (13 buts et 4 passes décisives en 27 matches).
 
Convaincant sur la pelouse, le joueur fait aussi l’unanimité en dehors. Dans un entretien à La Voix du Nord, l’ancien médecin du Losc Patrick Flamant, évoque par exemple un garçon « très déterminé » et « toujours dans les clous ». « On a l’impression que rien d’autre que le football n’existe à côté », explique-t-il. Cette passion semble avoir conquis les supporters lillois, qui l’ont élu « Dogue de la saison », le 2 juin dernier. Un « chouchou » du public qui, même endeuillé par le décès de son père quelques jours plus tôt, n’a depuis pas manqué de réaffirmer son amour pour le club.
 
De là à pouvoir affirmer qu’Osimhen pourra être candidat à sa propre succession la saison prochaine ? Pas si sûr, puisque les offres s’amoncellent sur le bureau des dirigeants lillois. Naples, Liverpool, et d’autres grands noms du football européen semblent disposés à casser leur tirelire – entre 40 et 80 millions d’euros – pour s’offrir les services du Nigérian. De l’aveu même du président du Losc, le « large éventail » de candidats proviendrait de « trois championnats » différents. Et nul doute que comme l’an passé avec Nicolas Pépé, Lille aura bien du mal à refuser une offre aussi conséquente.
 
• Le classement complet du Prix Marc-Vivien Foé 2020 :
 
1 – Victor Osimhen (Nigeria – Lille OSC) ? 284 pts
 
2 – Islam Slimani (Algérie – AS Monaco) ? 95 pts
 
3 – Yunis Abdelhamid (Maroc – Stade de Reims) ? 89 pts
 
4 – Habib Diallo (Sénégal – FC Metz) ? 52 pts
 
5 – Mbaye Niang (Sénégal – Stade Rennais) ? 43 pts
 
6 ex-aquo – Hamari Traoré (Mali – Stade Rennais) ? 37 pts et Idrissa Gueye (Sénégal – Paris SG) ? 37 pts
 
8 – Denis Bouanga (Gabon – AS Saint-Etienne) ? 27 pts
 
9 – Edouard Mendy (Sénégal – Stade Rennais) ? 24 pts
 
10 – Andy Delort (Algérie – Montpellier HSC) ? 13 pts
 
11 – Moses Simon (Nigéria – FC Nantes) ? 10 pts
 
GMS

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