Dans son discours d’ouverture, M. Sérigne Bassirou Guèye, ancien procureur de Dakar et actuel président de l’OFNAC a abordé les techniques d’enquêtes financières et exhorté les journalistes à collaborer étroitement avec les organes de contrôle de l’État dans le cadre de leurs investigations. Selon M. Guèye, les journalistes jouent un rôle crucial dans la lutte contre la corruption, ce qui fait d’eux des partenaires de choix dans cette démarche. « Le rôle des médias, en particulier celui des journalistes et de l’institution, est crucial pour dénoncer ces pratiques et amener les acteurs de la chaîne d’investigation de la corruption à agir en toute diversité. En mettant en lumière les dérives financières, les médias contribuent à promouvoir une gouvernance responsable et intègre », a-t-il fait comprendre.
De son côté, Amnesty International a souligné que la corruption constitue une menace pour la stabilité et la sécurité des sociétés. M. El Hadji Abdoulaye Seck, d’Amnesty International, a précisé : « la corruption sape les institutions, les valeurs démocratiques, les principes éthiques, la justice, et compromet le développement durable ainsi que l’État de droit. » Il a également ajouté que la corruption n’est pas un problème limité à un seul type de pays, mais un phénomène transnational qui touche toutes les sociétés et économies. Ainsi, la coopération internationale devient essentielle pour prévenir et lutter contre ce fléau.
Le Sénégal, pour renforcer sa lutte contre la corruption, a ratifié presque tous les instruments internationaux, régionaux et sous-régionaux relatifs à la prévention et à la répression de la corruption. À cet égard, le pays a inscrit la lutte contre la corruption comme une valeur constitutionnelle (article 23-1). En outre, des institutions telles que l’OFNAC, l’Inspection générale d’État (IGE), la Cour des comptes, l’Inspection générale des finances (IGF) et l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP) ont été mises en place pour lutter contre ce phénomène.
Cet atelier de deux jours s’inscrit donc dans une volonté de renforcer les capacités des journalistes et des acteurs des médias en matière d’investigation sur la corruption. Il vise également à promouvoir la participation des journalistes et des médias dans la lutte contre la corruption, les pratiques illicites et les infractions connexes.
Lors de cette première journée, les débats ont largement porté sur la connaissance, voire la maîtrise, par les journalistes, du cadre juridique et institutionnel de la lutte contre la corruption. Cette question fait partie des résultats attendus de l’atelier. Il est également escompté une collaboration plus active entre les journalistes et les institutions anti-corruption pour le suivi des rapports publics des organes de contrôle.
Au-delà de la formation des journalistes, la participation des citoyens à la lutte contre la corruption a été encouragée et mise en avant. Cela se concrétise à travers des textes législatifs tant au niveau national qu’international. En effet, l’article 13 de la Convention des Nations Unies contre la corruption soutient cette approche. Au Sénégal, cette dynamique est renforcée par la loi n° 20-24-06 du 09 février 2024, modifiant la loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012, qui a créé l’OFNAC.