Pour la Présidentielle de 2024, tout est encore possible. Même si le sort de Ousmane Sonko est suspendu à la décision de la justice, celui de Karim Wade et de Khalifa Sall au bon vouloir du Président Macky Sall, celui-ci fera, de son côté, face à un peuple prêt à lui faire face. En attendant d’y voir plus clair, d’autres « outsiders » de l’opposition se sont signalés. Vont-ils créer la sensation ?
Sonko, Khalifa, Karim, Macky, en sursis ?
A moins de douze mois de l’élection présidentielle du 25 février 2024, les choses semblent encore s’assombrir sur la tête de beaucoup de potentiels candidats. En effet, pour le leader de Pastef, Ousmane Sonko, incontestable principal opposant du régime en place, son sort est suspendu aux différentes décisions de la justice, notamment dans les affaires de supposés viols et menace de mort (contre la masseuse Adji Sarr) et de diffamation présumée l’opposant au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. Mais, le maire de Ziguinchor est adulé par de larges franges du peuple qui n’hésitent pas à se dresser en bouclier pour le défendre. Certains analystes politiques le donnent même comme probable futur vainqueur de la présidentielle du 25 février 2024 s’il arrive à passer les nombreux guet-apens placés sur son chemin par le régime en place. Son « Nemmeku Tour » et ses levées de fonds spectaculaires, de même tout simplement que ses promenades dans les rues de la capitale sont des baromètres de l’engouement qu’il suscite auprès des populations.
Quant aux cas de Khalifa Sall (Taxawu Sénégal, Yewwi Askan wi)) et de Karim Wade (Pds, Wallu Sénégal), ils attendent toujours d’être édifiés sur leur éligibilité quelques mois déjà après que le Président Macky Sall avait promis de les « réintégrer ». Avec une loi d’amnistie ou la modification de quelques dispositions du Code électoral ? Mystère et boules de gomme ! En attendant, l’ancien maire de Dakar continue de faire le tour du Sénégal dans le cadre de sa tournée dénommée « Mottali Yéene » (« la pérennisation d’un engagement », en français), en vue « d’écouter, de recueillir et de s’enrichir » aux côtés des Sénégalais. Au moment où, Karim Wade, exilé au Qatar depuis sa sortie de prison en 2016, voit ses soutiens travailler à son compte.
S’agissant de l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall, par ailleurs patron de l’Alliance pour la République (Apr), il n’est pas non plus sorti de l’auberge. Car, même s’il pose des actes pouvant attester ses intentions de briguer un troisième mandat -que ses partisans veulent orbi et urbi justifier par un « légal » second quinquennat-, l’actuel locataire du palais devra contourner cette interprétation de la controversée loi constitutionnelle et le respect de la parole donnée.
Pendant ce temps, d’autres candidats de l’opposition ont décidé de tenter leur chance. Dans Yewwi Askan Wi par exemple, les leaders de la coalition, qui s’étaient engagés, dans leur charte, à une pluralité de candidatures pour l’élection présidentielle du 25 février 2024, semblent joindre l’acte à la parole. Ainsi, au-delà d’Ousmane Sonko, classé 3ème à la dernière présidentielle de février 2019, et Khalifa Sall, plusieurs candidatures sont enregistrées.
Malick Gackou, le challenge présidentiel d’un « banlieusard »
« Je suis le candidat de la concorde nationale et de la paix sociale. Et je deviendrai le cinquième président du Sénégal ». Ainsi s’exprimait Malick Gackou sur Jeune Afrique.
Le 13 novembre dernier, l’ancien numéro 2 des « Progressistes » a officiellement été investi par le Grand Parti, sa formation politique, pour le représenter au scrutin de 2024, devant plusieurs centaines de partisans. Mais le premier défi de Malick Gackou sera de passer l’étape du parrainage qu’il n’avait pas réussi à franchir en 2019. L’homme peut compter sur la mobilisation de ses partisans en banlieue, dont un de ses principaux soutiens, Ahmed Aidara, dirige la mairie. Mais une première participation à une élection présidentielle lui permettra véritablement, à l’instar de Khalifa Sall, de se jauger et d’évaluer son assise populaire. L’homme se rêve en premier président issu de la banlieue.
L’ancien ministre du Commerce de Macky Sall, ex numéro deux de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP), qui dispose de beaucoup de relais dans les milieux sportifs et artistiques devra néanmoins faire la preuve de son envergure sur le plan national, pour sa première bataille présidentielle.
Déthié Fall, quel plan pour 2024 ?
Dans une déclaration faite le dimanche 26 février 2023, devant ses militants, le président du Parti républicain pour le progrès (Prp) Déthié Fall, s’est dit prêt pour diriger le Sénégal au soir du 25 février 2024. « Je déclare ici et maintenant, et de la façon la plus solennelle, ma candidature à l’élection présidentielle du 25 février 2024 », a-t-il annoncé. Quatrième responsable membre de la conférence des présidents de la coalition Yewwi Askan wi, dont il est une des « têtes pensantes », à déclaré sa candidature pour 2024. L’auteur du Plan ‘’PDF’’ (Plan Déthié Fall, à l’origine de l’inter-coalition Yewwi-Wallu lors des dernières Législatives) a pris l’engagement, s’il bénéficie de la confiance des Sénégalais au soir du 25 février 2024, de travailler non seulement pour « la cohésion nationale » mais aussi d’être un « chef d’Etat qui sera au-dessus des contingences politiques.
Technocrate chevronné, qui s’est transformé en véritable bête politique, Déthié Fall, a été déterminant lors des victoires de la coalition Yewwi Askanwi à l’issue des dernières élections territoriales et législatives de 2022, même s’il n’était pas candidat. Le jeune leader et ex-député charismatique et d’une rare pertinence, manque notoirement d’une assise populaire à même de lui faire jouer les premiers rôles dans une élection présidentielle. Comme Malick Gackou, ce serait un grand pas pour l’ancien numéro 2 du Rewmi d’Idrissa Seck s’il franchissait déjà le cap des parrainages.
Bougane Guèye Dani : les 19 points et l’équation des parrainages
Le journaliste et patron du Mouvement “Gueum Sa Bopp” n’est pas en reste. Il a d’ailleurs publié le programme de 19 points qu’il compte dérouler, s’il est élu président de la République en 2024. Bougane, c’est l’histoire d’un self-made-man sénégalais parti de presque rien avant de constituer, par étapes, un groupe de communication de premier plan, préalable à son entrée en politique. Comme il semble loin, le temps où Bougane Guèye Dany, 46 ans aujourd’hui, n’était qu’un animateur parmi d’autres, officiant sur Teranga FM, une radio de Saint-Louis -ville dont il est originaire-, avant de rallier Sud FM pour y lire des dépêches en wolof. Le jeune journaliste anonyme est devenu un homme d’affaires fortuné, dont tout le Sénégal connaît le nom, à la tête d’un groupe puissant : D-Média.
Mais pour cette élection, le principal défi du leader de ‘’Geum sa bopp’’ sera de boucler le nombre requis de parrains pour ne pas subir le même sort que lors de la présidentielle de 2019 et des législatives du 31 juillet dernier, élections durant lesquelles il n’a jamais pu franchir cette « fatidique » étape.
Dr. Abdourahmane Diouf, les ambitions d’un intellectuel hors pair
Le patron du parti « Awalé », Dr. Abdourahmane Diouf fait partie des leaders de l’opposition qui ont déjà annoncé leur candidature pour la prochaine Présidentielle. « Parmi les raisons qui m’ont poussé à vouloir briguer les suffrages des Sénégalais, il y en a qui sont agréables et d’autres qui ne le sont pas. Mais retenez que je veux être président de la République pour rendre à mon pays tout ce qu’il a fait pour moi », a-t-il notamment déclaré le 30 octobre dernier.
Candidat malheureux aux dernières élections législatives sous la bannière de la coalition Alternative pour une Assemblée de rupture (Aar Sénégal) qu’il a quittée quelques semaines plus tard, l’ancien directeur de la Sones, envisage de viser grand.
Dr. Diouf, au parcours exceptionnel, a toute la légitimité pour appartenir à l’élite sénégalaise, avec en bandoulière un lourd bagage intellectuel. Expert en Droit commercial international et régional et en développement du secteur privé depuis 25 ans, il a été l’un des plus proches collaborateurs d’Idrissa Seck, dont il fut le porte-parole pendant plusieurs années, au sein du parti Rewmi. Il a su, à travers ses rares sorties sur les plateaux télévisés, épaté plus d’un.
Sur le plan politique, il a su garder une belle réputation, surtout lorsqu’il s’est démarqué de son « mentor » tout juste après l’officialisation de ‘Mburu ak soow’’ en 2020 pour rester dans l’opposition.
Mais, pour sa première participation à une élection présidentielle, l’ex-directeur général exécutif du Club des investisseurs sénégalais (Cis) devra franchir deux obstacles : le parrainage et une aura sur le territoire national.
Boubacar Camara, l’intellectuel qui veut «construire» le Sénégal
Tout comme le Dr. Abdourahmane Diouf, Boubacar Camara fait partie de l’élite dont peut se glorifier le Sénégal. L’ancien Inspecteur général d’Etat (Ige), -il a pris sa retraite anticipée en 2015-, a rejoint les hommes politiques sénégalais qui ont misé sur l’écriture pour faire entendre leurs aspirations politiques. « Kamou », candidat à la présidentielle 2024, a publié un livre dénommé « Construire le Sénégal du Futur ». Dans ce document de 298 pages, l’ancien Directeur général des douanes et secrétaire général du Parti de la construction et de la solidarité Pcs/Jengu Tabax présente l’argumentaire de son programme durable pour le développement du Sénégal.
Avocat inscrit au Barreau de Paris, et consultant international dans les domaines de l’énergie solaire, des hydrocarbures, du partenariat public privé, de la douane et du commerce international, l’ancien soldat de 2e classe dans l’armée sénégalaise n’a pas encore réussi à s’offrir une place de choix dans la vie politique. En 2019, il a tenté de se présenter à l’élection présidentielle du Sénégal, mais en vain, faute d’avoir réuni le nombre requis de parrainages.