Coup de tonnerre à la 11e Assemblée générale extraordinaire de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) tenue mardi dernier à Lomé (Togo). Le Sénégal a assisté à la remise en cause de l’accord écrit qui lui réservait la présidence de l’institution.
Celui-ci a été scellé à 2019 au moment de la réélection du Ghanéen George Agyekum Donkor à la tête de la banque régionale. Il stipulait qu’au terme du deuxième mandat de ce dernier, un Sénégalais prendra le relais.
Cette entente avait poussé à la démission le vice-président sénégalais de l’institution à l’époque, Abdoulaye Fall, frustré d’avoir été évincé pour un poste qu’il visait. Il a été remplacé depuis lors par son compatriote Mabouba Diagne, vice-président chargé des finances et des services institutionnels, numéro 2 de la BIDC.
En vertu de l’accord de 2019, ce dernier devait passer numéro 1 de la banque. Mais George Agyekum Donkor est bien parti pour garder la main. D’après Le Quotidien, le Ghanéen a obtenu, grâce au soutien du Nigeria et de la Côte d’Ivoire, que l’engagement pris devant le Sénégal soit remis en cause. Qu’il reste finalement en poste.
Le journal souligne que ces trois pays sont les actionnaires principaux de la BIDC et le vote au sein du Conseil des gouverneurs se fait au prorata de la position de chacun dans l’actionnariat de l’institution. Autant dire que le Ghana va garder la présidence.
Pire pour Dakar, d’après la même source, le trio voudrait qu’en plus de celui de président, les deux postes de vice-président lui reviennent. Les autres actionnaires, selon le plan à trois, devant se contenter d’un siège de vice-président et de celui de secrétaire général.
Le Sénégal a protesté contre ce schéma scellé à ses dépens. Le Quotidien rappelle que le Président Macky Sall avait adressé à ses pairs de la CEDEAO une correspondance dans laquelle il les invitait au respect de l’accord de 2019. Le journal rapporte que Dakar est soutenu par le Togo et le Bénin tandis que le Cap-Vert et la Gambie, dont l’appui semblait acquis, ont adopté une position ambigüe, selon la même source.
Pour mieux verrouiller leur plan, le Ghana, le Nigeria et la Côte d’Ivoire espèrent rallier le Bénin à leur cause. Pour ce faire, il compte créer un autre poste de vice-président qui lui reviendrait. Aussi, espèrent-ils que l’actuel numéro 2 sénégalais de la BIDC (Mabouba Diagne) claque la porte, par frustration, comme Abdoulaye Fall en 2019. Ainsi, renseigne Le Quotidien, son siège sera attribué au représentant de la Côte d’Ivoire.
Ces manœuvres devraient aboutir. Dans ce cas, si l’on en croit Le Quotidien, le Sénégal serait relégué au rang de simple actionnaire, sans aucun pouvoir de décision.