La styliste, Oumou Sy, en collaboration avec le Grand théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose, tient une exposition en hommage au Président Senghor. A travers cette exposition, Oumou Sy, native de Podor, dans le Fouta, met en relief l’Afrique dans toute sa splendeur, en illustrant deux grandes figures noires : le Président-poète, Léopold Sedar Senghor, à travers son poème Femme noire, mais aussi le roi Chaka.
Sur ses 80 modèles, Oumou Sy n’en a exposé que 6 à travers ses deux installations. D’un côté, Femme noire de Léopold Sedar Senghor, pour montrer la beauté, l’intelligence, la valeur et la position de la femme dans la société mondiale et internationale, et de l’autre, la tragédie de Chaka.
Dans un poème dramatique d’Ethiopiques (1956), Léopold Sédar Senghor évoque la disparition brutale de Nolivé, l’épouse de Chaka. Deux installations qui embellissent le Hall du Grand théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose où a lieu l’exposition organisée par la grande styliste, Oumou Sy.
A côté de chaque installation, figure un poème de Senghor dont Femme noire, le poème le plus célèbre de Senghor, extrait du recueil Chants d’ombre. Parmi les œuvres, il y a toute une collection sur Femme noire, pour représenter de manière générale toutes les femmes africaines. «On retrouve toute l’Afrique dans cette collection», a dit la styliste Oumou Sy, décoratrice et créatrice de bijoux.
De ces deux installations, on voit des broderies, des perles, des tam-tams, la sensualité de la femme, des canaris, des masques, de la poterie. Bref, des pièces qui sont en parfaite cohésion avec le poème de Senghor. Un hommage que Oumou Sy rend au poète. «Je ne finirai jamais de travailler sur les poèmes de Senghor. Si j’arrive à parler français aujourd’hui, c’est parce que j’ai bien écouté les poèmes de Senghor. Donc, je ne finirai jamais de faire des hommages sur Senghor. Et c’est pourquoi j’ai fait toute cette collection en lui rendant hommage, comment il a chanté les louanges et la beauté de la femme noire.
L’autre côté, c’est la tragédie de Chaka de Léopold Sedar Senghor en parlant de la disparition de Nolivé qui était l’épouse de Chaka», a-t-elle expliqué lors du vernissage, mercredi dernier. Selon Oumou Sy, la femme a beaucoup de valeurs, beaucoup de potentialités sur les plans national et international. «La femme éduque les enfants, s’occupe de la famille. Que ça soit dans le monde rural ou à l’international, la famille a toujours sa position quelque part», a-t-elle fait savoir, tout en soulignant que la femme noire a une valeur qu’elle doit connaître, préserver et valoriser. L’exposition de Oumou Sy matérialise le roi Chaka, de par sa bravoure, de par tout ce qu’il symbolise pour l’Afrique. «Chaka, c’est un personnage que tout le monde connaît, mais Senghor a su nous parler de lui d’une manière très poétique, très élégante. Je suis une senghoriste et je ne fais qu’admirer ses poèmes», se réjouit-t-elle.
A travers cette exposition, Oumou Sy interpelle également la jeune génération. «Les jeunes doivent savoir retourner en arrière, puiser dans leur tradition, leur création et travailler. On a des choses à faire et l’Afrique est une forêt vierge qu’on ne finira jamais d’exploiter. Chacun fera ce qu’il a à faire et l’autre viendra continuer. Il y avait quelque chose avant et il faut une continuité pour qu’on aille de l’avant», se glorifie-t-elle.
Richesse culturelle du Sénégal
Après la visite guidée conduite par la styliste Oumou Sy, Ansoumane Sané, directeur du Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose, a magnifié cette belle initiative de Oumou Sy qui, selon lui, participe à la diffusion des richesses de la culture sénégalaise et africaine. «Oumou Sy incarne le charme de la diplomatie culturelle sénégalaise à l’échelle mondiale. Ses œuvres titanesques nous plongent dans un décor épuré et agréable. Nous allons renforcer notre capacité pour mieux vous accompagner dans ce genre d’initiative», promet-il, relevant que le vernissage traduit les objectifs du Grand théâtre qui, pratiquement, a une mission africaine.
Pour Pr Maguèye Kassé, il faut se féliciter de l’idée de Oumou Sy, de traduire ce poème de Senghor en alliant le texte et le geste théâtral pour magnifier un poème qui a plusieurs dimensions. «Ce que Oumou Sy nous présente devrait être connu du grand public. Il faudrait que le public sache que tout ce qu’elle fait en traduisant cette poème de Senghor sur Chaka, c’est montrer que nous avons de quoi être fier de notre patrimoine culturel. Et cette fierté ne peut se traduire ni dans l’imitation, ni dans les présupposés et préjugés, mais dans la créativité», explique-t-il.