Monsieur le Secrétaire Général,
Mesdames, Messieurs,
Distingués délégués,
Monsieur le Président, au nom du Sénégal, je vous adresse tous mes vœux de succès à la Présidence des travaux de l’Assemblée générale.
Je remercie votre prédécesseur et renouvelle notre soutien au Secrétaire Général dans l’exercice de ses charges au service de l’Organisation.
Depuis notre dernière session, l’état du monde ne s’est pas amélioré.
Pour des millions de personnes, le quotidien reste marqué par la peur, la violence, la pauvreté et les inégalités.
Nombre pays continuent de subir l’impact économique et social de la pandémie.
Le réchauffement climatique a atteint un niveau sans précédent.
La tragédie de l’émigration clandestine nous rappelle la nécessité de mettre en œuvre le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ; et de poursuivre sans relâche la lutte contre les réseaux criminels qui organisent ce trafic illicite d’êtres humains.
Une guerre de haute intensité fait courir à l’humanité le risque d’une catastrophe majeure.
En Afrique, la résurgence des coups d’Etat reste un sujet de grave préoccupation.
Le Sénégal réitère sa ferme condamnation de toute forme de changement anticonstitutionnel de gouvernement.
L’urgence de l’heure, c’est aussi le terrorisme qui continue de gagner du terrain en Afrique, sans réaction appropriée du Conseil de Sécurité.
A maintes reprises, notamment lors de son mandat au Conseil en 2016 et 2017, le Sénégal a alerté sur l’inefficacité des opérations de maintien de la paix en Afrique, dont les mandats et les équipements ne répondent guère à la nature des situations.
Il n’y a pas de paix à maintenir là où il s’agit plutôt de la restaurer, en combattant des groupes armés qui pillent et endeuillent au quotidien des populations innocentes, occupent des territoires entiers et menacent des Etats dans leur existence.
Les péripéties tumultueuses de deux missions de paix en Afrique sont édifiantes à sujet.
En conséquence, le Sénégal invite à nouveau le Conseil de Sécurité à assumer pleinement ses responsabilités dans la lutte contre le terrorisme en Afrique, en vertu du mécanisme de sécurité collective prévu par la Charte.
Dans le même esprit, nous appelons à la désescalade et au règlement pacifique de la guerre en Ukraine.
Nous renouvelons notre soutien au droit du peuple palestinien à un Etat viable, coexistant pacifiquement avec l’Etat d’Israël, chacun à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues.
Monsieur le Président,
Le thème de cette session nous rappelle que l’idéal à la base du multilatéralisme, c’est de créer et promouvoir entre les pays des relations confiantes, solidaires et inclusives.
Le Sénégal reconnaît les services appréciables que le système des Nations Unies et celui de Bretton Woods rendent aux pays membres depuis près de quatre-vingts ans.
Mais nous savons tous que le système multilatéral, héritage d’un passé révolu, est devenu obsolète.
Or, comme l’a justement alerté le Secrétaire général Antonio Guterres, un système qui continue d’ignorer les réalités de son temps et les besoins de plus de trois quarts de ses pays membres, accentue les inégalités, génère les conditions de sa contestation, et provoque le risque de sa fragmentation.
Si nous voulons éviter cette fracture, la sagesse commande de réformer la gouvernance politique, économique et financière mondiale, afin qu’elle soit plus représentative de la diversité, et conforte ainsi sa légitimité.
Nous pouvons y arriver si nous y mettons la volonté politique nécessaire. Le G20 l’a montré en admettant l’Union Africaine comme membre de plein droit.
Je remercie vivement les membres du Groupe pour leur soutien unanime à cette initiative que le Sénégal avait portée lors de sa présidence en exercice de l’Union Africaine.
Nous souhaitons que l’exemple d’inclusion ainsi donné par le G20 soit suivi par le Conseil de Sécurité et les Institutions de Bretton Woods, pour un multilatéralisme plus représentatif des intérêts de tous ses membres.
De même, le Sénégal reste attaché à la vision de relations internationales apaisées, fondées sur l’égale dignité des peuples, des cultures et des civilisations.
Le 31 octobre 1961, soit un an après l’indépendance de notre pays, le Président Léopold Sédar Senghor exprimait ici cette vision par ces mots : je le cite : « une civilisation particulière…ne saurait s’imposer seule sans dresser contre elle la majeure partie de l’humanité ». Fin de citation
Soixante-deux ans après, notre position reste la même : entre peuples libres, dont l’histoire et les réalités socioculturelles sont diverses, il ne peut y avoir de légitimité pour certains de définir et imposer à tous une seule façon de vivre, comme un « prêt à porter civilisationnel ».
Ce qui va pour les uns, ne va pas forcément pour les autres.
Ensemble, nous pouvons pratiquer nos valeurs communes. Mais ensemble, nous devons respecter nos différences.
Voilà, pour le Sénégal, ce qui doit fonder un universalisme revitalisé, plus ouvert et plus efficace dans la prise en charge des défis de notre temps.
Parmi ces défis, il y a l’urgence climatique. Alors que les phénomènes extrêmes se multiplient, le Sénégal reste engagé dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat.
Ainsi, grâce à notre politique volontariste de mix énergétique, les énergies renouvelables représentent aujourd’hui 31% de nos capacités électriques installées.
Avec la signature en juin dernier de notre Partenariat pour une Transition énergétique juste, nous avons l’ambition de porter ce taux à 40% d’ici 2030.
Je remercie les pays partenaires qui nous accompagnent dans la mobilisation de 2,5 milliards d’euros sur une période initiale de 3 à 5 ans, à partir de 2023, pour financer nos projets au titre de ce Partenariat.
Nous poursuivons, en même temps, la réalisation d’infrastructures sobres en carbone et résilientes au changement climatique, dont deux systèmes de transport de masse : un Train Express Régional et une ligne de Bus Rapide Transit, tous deux électriques.
Avec l’exécution de projets nationaux et continentaux, à l’image de la Grande Muraille verte, nos pays sont clairement engagés dans l’action climatique, à la hauteur de leurs moyens.
Il reste que, pour l’essentiel, les projets verts en Afrique sont financés par recours à la dette, alors qu’ils devraient être soutenus par la mobilisation des 100 milliards de dollars par an convenus depuis la COP 15 en 2009 pour financer l’action climatique.
La justice climatique voudrait qu’un continent qui contribue pour moins de 4% des émissions, et qui en souffre le plus, ne soit pas condamné à s’endetter pour réparer et prévenir des dommages dont il n’est pas responsable.
Le Sénégal est pour une transition énergétique juste et équitable, tenant compte des besoins spécifiques de nos pays, y compris l’accès universel à l’électricité dont plus de 600 millions d’Africains restent encore privés.
Alors, si nous voulons que la COP 28 soit le rendez-vous des promesses tenues, faisons-en sorte que les financements annoncés soient disponibles et accessibles selon des procédures et modalités simplifiées et transparentes.
Monsieur le Président,
Chers amis,
Le 25 février 2024, se tiendra l’élection présidentielle sénégalaise. Comme les précédentes, elle sera démocratique, libre et transparente. Et le 2 avril, je passerai le pouvoir à mon successeur après 12 ans à la tête de notre pays.
Je voudrais remercier les pays membres de notre Organisation pour leur amitié et leur collaboration.
Porter la voix du Sénégal, nouer et entretenir des amitiés dans ce concert des nations où s’harmonisent nos efforts communs vers nos fins communes, aura été un grand honneur pour moi.
Au nom du peuple sénégalais, je voudrais dire ma gratitude à tous mes collègues, en les priant d’accueillir mon successeur avec la même amitié et la même considération.
Je garderai pour tous les mêmes sentiments d’amitié et d’estime cordiales.
Je suis confiant que dans la tradition sénégalaise d’ouverture et de dialogue, mon successeur sera fidèle aux relations d’amitié confiante qui unissent notre pays et tous les membres des Nations Unies.
Je vous remercie et souhaite plein succès aux travaux de l’Assemblé générale.