Né à Diourbel en 1990, Mbougar Sarr obtient son Bac en 2009 au Prytanée Militaire de Saint Louis avant de s’envoler pour la France. C’est en 2015 que son nom commence à raisonner dans plus d’oreilles pour culminer ; puis avec la publication de son roman Terre Ceinte, qui séduit le public.
Terre Ceinte, un coup de maître
Publié par Présence Africaine, le roman s’inspire de la forte actualité sur le terrorisme pour évoquer la réaction humaine face à la tyrannie et à l’oppression. A Kalep, ville imaginaire qui est la contraction d’Alep et de Kidal, théâtre d’affrontements sanglants, Mbougar signe ainsi un coup de maître.
TERRE CEINTE, puise dans la réalité, mais n’est pas une littérature d’urgence. Mbougar ne se presse pas d’écrire, sa plume est recherchée, il donne un aspect important aux ressentis de ses personnages. Avec des sujets lourds de notre temps, Mbougar a fabriqué un récit qui interpelle le lecteur. Tout au long de cette narration, le lecteur réfléchit, se pose des questions et le jeune auteur, l’invite à suivre un petit groupe de résistants à l’emprise sociale et politique de la « Fraternité ».
Le romancier avec un réalisme digne du miroir de Stendhal qui se promène le long d’une route, nous attire au partage d’expériences et de sentiments de femmes et d’hommes vivant sous un régime djihadiste.
Chevalier des lettres et de l’ordre du maître
Mouhamadou Mbougar Sarr est un habitué des récompenses. Partout où il passe, sa plume a séduit les Jurys. L’année 2015 fût celle de sa révélation. Prix du roman métis des lycéens, il publie quelques mois plus tard TERRE CEINTE chez Présence Africaine,qui remporte le Prix Ahmadou Kourouma de Littérature. Le public découvre ainsi, une perle bien rare, qui à travers son écriture, a conquis bien des cœurs. La République du Sénégal voit en Mbougar un fils prodige, qui représente dignement la nation. C’est ainsi qu’en juillet 2015, Monsieur Sarr est élevé au titre de chevalier de l’ordre du maître par le président Macky Sall : « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre d’années».
Mbougar ne répondra certainement pas comme Rodrigue dans le Cid de Corneille ; car en plus du talent et des dons innés, le succès de ce jeune sénégalais se trouve dans le travail. En effet Mbougar est un acharné de la plume. C’est lui-même qui l’affirme dans une correspondance à son ami Joseph Correa:
« JE FAIS PREUVE DE GOURMANDISE DEVANT L’EXERCICE ».
Après « Terre Ceinte » Mbougar propose « Silence de Chœur »
La nouvelle oeuvre de Mbougar Sarr s’intitule « Silence de Chœur ». Dans ce roman, l’écrivain nous raconte le destin de soixante-douze hommes, qui arrivent dans un bourg de la campagne sicilienne. Notre époque les appelle « immigrés », « réfugiés » ou « migrants ». À Altino, ils sont surtout les ragazzi, les « gars » que l’association Santa Marta prend en charge. Mais leur présence bouleverse le quotidien de la petite ville.
Dans un entretien accordé au journal le Monde, l’auteur affirme que « ce roman est l’anti-Lampedusa tout en parlant de la même chose: l’accueil de migrants naufragés ». À travers cette œuvre, Mbougar s’éloigne des voies ouvertes par les journalistes, qui ont fait de Lampedusa l’emblème de la tragique actualité sur l’immigration. Mbougar lui veut raconter l’envers du décor, « ce qu’il advient après le spectaculaire ».
Parlant de ce nouveau roman, le résumé de présence Africaine souligne que chaque personnage de cette fresque, d’où qu’il soit, est forcé de réfléchir à ce que signifie la rencontre avec des hommes dont, au fond, il ne sait pas grand-chose. Tous constituent autant de regards sur une situation moins connue qu’il n’y paraît; autant de voix désaccordées, mêlées, pour le meilleur et pour le pire, jusqu’à la fin, jusqu’au silence imposé par l’ultime voix du chœur.
En attendant un troisième roman, Mbougar continue de raconter le monde sur son blog : Choses Revues. L’auteur ne se lasse jamais d’écrire et d’approcher les Hommes. Car, comme il l’affirme lui-même: « la seule justice qu’on puisse faire aux hommes, en tant qu’écrivain, c’est de tenter de les approcher avec justesse. Cela n’est pas facile. Mais là est tout le sel de l’écriture. »
La plus secrète mémoire des hommes
En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938 : Le labyrinthe de l’inhumain. On a perdu la trace de son auteur, qualifié en son temps de « Rimbaud nègre », depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Diégane s’engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par l’Argentine, quelle vérité l’attend au centre de ce labyrinthe ?
GMS/SOULEYMANE DIALLO