L’audience du procès des assassins présumés de deux experts des Nations unies en République démocratique du Congo s’est tenue vendredi sur les lieux du crime au Kasaï (centre), a-t-on appris de source judiciaire.
À la demande de la défense, les magistrats du tribunal militaire de Kananga se sont rendus avec les quatre prévenus et leurs avocats aux villages Moyo Musuila et Bula Bula où les deux jeunes experts ont été tués en mars. Un chef de village a formellement reconnu l’un des prévenus, Evariste Ilunga Lumu, qui avait déjà été reconnu par un témoin lors d’une précédente audience.
L’avocat des prévenus Hubert Ngulandioko s’est néanmoins déclaré satisfait: “À part Evariste Ilunga, qu’un témoin du village a dit sans preuve avoir vu dans le groupe des miliciens meurtriers des experts, aucun témoignage supplémentaire n’est venu charger nos trois autres clients”. La justice militaire s’est transportée aussi à l’endroit de la fosse commune où les corps des deux experts, Michael Sharp et Zaïda Catalan, ont été découverts.
Le ministère public avait jugé “inopportune” cette audience sur les lieux du crime, estimant que “le gros de l’affaire est déjà connu” au terme des enquêtes et des témoignages depuis le début du procès le 5 juin dernier. Les deux jeunes experts onusiens enquêtaient sur les violences et sur des fosses communes au Kasaï. La jeune femme a été décapitée.
Le double meurtre était un “guet-apens prémédité”, a estimé un groupe d’experts de l’ONU à New York dans un rapport. Ce même rapport n’a pas exclu l’implication de membres de la sécurité d’État. Les violences qui impliquent miliciens, soldats et policiers au Kasaï ont causé depuis un an la mort de plus de 3.000 personnes, d’après des chiffres rassemblés par l’Eglise catholique, et environ 1,4 million de gens ont fui leurs foyers dans cette région, selon l’ONU.
Ces violences ont éclatées en septembre, un mois après la mort d’un chef traditionnel, Kamwina Nsapu, tué lors d’une opération militaire après s‘être révolté contre le pouvoir de Kinshasa.