Marine Le Pen met en garde contre « un coup d’État administratif » du camp macroniste

La leader du Rassemblement national Marine Le Pen a mis en garde mardi contre un éventuel « coup d’Etat administratif » du camp macroniste qui envisagerait, selon elle, une vague de nominations avant une éventuelle cohabitation, notamment à la tête de la police et de la gendarmerie.

Une salve de nominations est prévue mercredi en conseil des ministres, qui pourrait comprendre notamment des préfets et quelques ambassadeurs, selon plusieurs sources concordantes. Mais son ampleur reste à déterminer.
 
« Il existe des rumeurs comme quoi le président de la République envisagerait demain, c’est-à-dire à quatre jours du second tour, de nommer le directeur général de la police nationale, alors qu’il devait rester jusqu’à la fin des J.O, et le directeur de la gendarmerie nationale », a expliqué Marine Le Pen sur France Inter.
 
Pour la présidente des députés du parti d’extrême droite, « l’objectif » de telles nominations dans la précipitation serait « d’empêcher Jordan Bardella de gouverner le pays comme il le souhaite », si le RN remporte la majorité dimanche au second tour des législatives.
 
« C’est une forme de coup d’État administratif », a-t-elle estimé, tout en espérant « que ceci relève uniquement de la rumeur ».
 
« Pour des gens qui donnent des leçons de démocratie à la terre entière, c’est quand même étonnant d’agir de cette manière-là », s’est-elle par avance indignée. « Dans ces cas-là, il ne fallait pas dissoudre », a-t-elle insisté.
 
Pour son allié Éric Ciotti, cela témoigne d’une « panique générale » pour « recaser les proches ». « C’est un signe de défaite, peut-être de lucidité en la matière », a-t-il ajouté sur Europe1/Cnews, tout en reconnaissant que « ça s’est toujours fait ».
 
– « Prévention » –
Un vaste mouvement de nominations, concernant des préfets mais aussi les patrons de la police et de la gendarmerie nationales, est en préparation depuis plusieurs semaines. Des tels mouvements sont habituels à l’été, comme c’est le cas aussi pour d’autres postes comme celui d’ambassadeur. Il s’agit aussi de remplacer certains départs prévus à la retraite.
 
Selon des sources proches du dossier, on s’interrogeait avant la dissolution de l’Assemblée, au sommet de l’Etat, sur l’opportunité de procéder à ces nominations avant ou après les Jeux olympiques. Depuis la convocation des législatives anticipées, la question se posait de passer à l’acte avant le premier tour ou dans l’entre-deux-tours.
 
Selon un proche d’Emmanuel Macron, « il n’y a pas de mouvement majeur » prévu mercredi, seulement des nominations « ordinaires ».
 
Un conseiller de l’exécutif évoque de son côté une salve de nominations, sans en préciser la portée ni le détail.
 
« C’est de la prévention, c’est logique. On pare à toutes les éventualités en cas de possibilité que le RN arrive en majorité absolue », reconnaît-il. « On protège à minima les institutions », ajoute ce conseiller.
 
Selon l’article 13 de la Constitution, le président de la République « nomme aux emplois civils et militaires de l’État ». Pour toute une série de postes de grands commis de l’Etat, il s’agit de nominations qui font l’objet d’un décret présidentiel pris en Conseil des ministres, mais avec un contreseing du chef du gouvernement ou des ministres.
 
« A chaque cohabitation, les nominations ont été des sujets d’anicroche » entre le chef de l’Etat et son Premier ministre, souligne la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, de l’Université de Rouen. En cas de cohabitation entre Emmanuel Macron et un gouvernement RN, « je pense qu’il y aurait des tractations importantes », ajoute-t-elle.
 
Marine Le Pen s’est déjà insurgée contre la volonté, exprimée par le président, de désigner Thierry Breton pour un nouveau mandat au sein de la Commission européenne, estimant que cette prérogative reviendra au gouvernement sorti des urnes.

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