Par Mohamed Tidiane NDIAYE
Une énorme pluie d’hivernage en Casamance. Une nuit d’août gorgée d’averses. Une atmosphère politique grouillante. Un champs politique changeant. Une Casamance au coeur du débat public. Et puis, tout est suspendu. Pour laisser place à un gigantesque vacarme causé par la chute de la plus grosse branche de Bantancouroto, cet arbre séculier, symbolique, totémique et si réputé en pays Manding et en terre de Pakao.
Le doyen Malamine Kamara est parti. Une étoile s’est éteinte. Un Soleil s’est assombri. Une voix s’est tue. Une plume s’est cassée. A jamais.
A la lumière du faisceau de témoignages forts élogieux dans le monde réel du Pakao et de son Marsasoum natal et dans le monde virtuel sur la toile, l’on retiendra que c’est tout simplement un pan de la profession qui s’est affaissé.
Malamine Kamara a lui tout seul constitue un chapitre entier dans le livre d’histoire de la presse en Casamance. Le témoignage de mon illustre doyen Moussa Dramé en dit long sur le statut de pionnier de MK dans le Pakao.
Je connais pas Malamine Kamara. Du moins pas dans la vie réelle. Mais ses grosses qualités humaines exceptionnelles faites de dignité, de disponibilité et surtout d’humanisme font écho à toutes celles et à tous ceux qui ont l’heureux hasard de croiser cet homme doux, hyper serviable et plein de vie.
Nous nous sommes vus une seule fois et de façon furtive lors d’une tournée du chef de l’État en Casamance en 2017 à l’étape de Marsasoum ou de Sedhiou. Je dois avouer que son commerce facile et son immense humilité tranchent net avec l’image de la grosse personnalité que ses légendaires signatures radiophonique et en bas de page du quotidien national semaient dans ma tête d’apprenti journaliste curieux et de lecteur assidu de ses enrichissantes productions qui illuminaient davantage l’astre de Hann.
Oui je connais celui que tout le monde appelle doyen à juste titre de par ses articles riches, fouillés dans le canard national.
Quand j’étais etudiant en journalisme, j’étais un »abonné » assidu du Soleil (On nous offrait le journal tous les jours), je tombais souvent sous le charme d’articles signés par des journalistes basés dans l’arrière-pays. Malamine Kamara en était un.
Je me délectais souvent de la belle architecture textuelle qui meublait ses articles. Il était un orfèvre du verbe. Je ne savais pas qu’il était un professeur de la langue française de formation. Cela ne pouvait être autrement.
Ses lignes étaient digestes, son style simple et accessible, la syntaxe intacte. Et surtout il mettait le curseur sur des sujets de développement.
Un vrai soldat de l’information est tombé dans le champ d’honneur. Une plume lumineuse qui a permis au journal le Soleil de briller de mille feux, s’est cassée pour l’éternité.
MK, le premier journaliste de la région de Sedhiou, selon notre confrère Moussa Dramé, était surtout une belle et délicieuse voix du Sud à travers les ondes nationales.
Ce matin un jeune confrère natif de Marsasoum me racontait sa si belle, réputée et suave signature radiophonique : « Sédhiou Bantancouroto, Malamine Kamara, Radio Sénégal « .
Toutes nos condoléances à sa famille biologique et professionnelle, aux confrères et consoeurs de la Casamance, surtout de Sedhiou, aux collègues de la RTS, du Soleil et à la Nation sénégalaise.
Que la terre de Marsasoum qu’il portait tant dans son coeur, lui soit légère.
Mohamed Tidiane NDIAYE APS, Point Focal Sud de la CJRS et Président de l’Association des Professionnels de l’Information et de la Communication de Ziguinchor (APIC)