Si le Sénégal veut éliminer les Mtn d’ici 2030, il devra mettre l’accent sur la sensibilisation, en comptant notamment sur l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd).
Alioune Badara CISS – La Journée mondiale de lutte contre les Maladies tropicales négligées (Mtn) a été célébrée ce 30 janvier au District sanitaire de Pikine, sous le thème : «S’unir, agir et éliminer.» Ainsi, cette année, la particularité de cette journée sera son couplage avec la célébration de la Journée mondiale de la lèpre. En prélude à la célébration de cet évènement, le ministère de la Santé, à travers la Direction de la maladie, a initié, à Dakar, une rencontre avec l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd), pour mieux impliquer cette dernière dans la lutte contre cette maladie dont 1, 7 milliard de personnes sont atteintes dans le monde avec plus de 534 mille décès. «Nous avons impliqué l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd) pour nous accompagner dans la sensibilisation. Le Sénégal s’est engagé, à l’instar des autres pays du monde, à éliminer les maladies tropicales d’ici 2030. Mais l’atteinte de cet objectif risque d’être très difficile pour les pays s’il n’y a pas des actions sectorielles soutenues. Mais surtout sans l’implication des parties prenantes dans la lutte contre les Maladies tropicales négligées. C’est pourquoi nous avons ciblé cette association pour accompagner le ministère de la Santé et de l’action sociale dans la lutte contre cette maladie», déclare Dr Ndèye Mbacké Kane, Coordonnatrice nationale de lutte contre les Maladies tropicales négligées (Mtn).
A 6 ans de l’échéance pour l’élimination de cette maladie, le Sénégal présente des résultats satisfaisants. Sur les 14 Mtn ciblées par le Sénégal parmi les 20 reconnues par l’Oms, la coordonnatrice nationale des Mtn du Sénégal fait le point : 5 maladies (trachome, onchocercose, schistosomiase, filariose lymphatique et le géo helminthiases) sont à Chimiothérapie préventive (Ctp) et 9 autres (dracunculose ou vers de Guinée, lèpre, leishmanioses, rage, gale, dengue, envenimation par morsure de serpent, mycétomes et trypanosomiase humaine africaine) sont Prises en charge au cas (Pec). «Depuis une décennie, le Sénégal est en train de mettre en œuvre des actions, et ces interventions nous ont permis d’avoir des résultats satisfaisants. Il y a l’arrêt de masse pour certaines maladies comme le trachome, l’onchocercose, la filariose lymphatique. Et aujourd’hui, on a vu que pour la schistosomiase et les géo helminthiases, on a noté une baisse de la morbidité. Le Sénégal a atteint le seuil d’élimination de la lèpre en tant que problème de santé publique. D’ailleurs, depuis quelques années, nous avons des prévalences qui sont très faibles, tournant autour de 100 à 200 cas par année. Et puis, le taux d’infirmité chez les enfants est très minime car inférieur à 5%. Tout cela pour vous dire qu’il y a d’énormes avancées faites dans la lutte contre les maladies», renseigne Dr Ndèye Mbacké Kane.
Le ministère de la Santé et de l’action sociale compte mettre en avant ces résultats-là, mais également mobiliser davantage toutes les parties prenantes pour accélérer l’élimination des Mtn d’ici 2030, conformément à la nouvelle feuille de route de l’Oms.
Résurgence de la lèpre
Par ailleurs, la Coordonnatrice nationale de lutte contre les Mtn a été aussi interpellée sur la recrudescence des maladies comme la gale, ces derniers temps au Sénégal. Elle a précisé que les maladies à manifestation cutanée telles que la gale sont très contagieuses. «On peut dire que cela est un peu normal parce qu’on a renforcé plus la communication, la sensibilisation, il y aura plus de diagnostic. Mais surtout le fait qu’on ait arrêté le traitement de masse contre la filariose lymphatique et l’onchocercose parce que pour toutes ces maladies, on donnait un médicament, et on sait que cela est très efficace contre la gale», dit Dr Kane. Elle poursuit ses explications : «Aujourd’hui, c’est important de pouvoir faire le diagnostic à temps et qu’on puisse faire l’investigation de l’ensemble des cas dont on n’a pas reçu la notification. D’ailleurs, des investigations sont menées et cela nous a permis de pouvoir faire des ripostes à travers des actions de sensibilisation pour l’adoption de comportements favorables à la non-transmission de ces maladies.» Pour elle, il faut mettre le curseur sur la sensibilisation pour éliminer ces maladies. «Pas seulement contre la gale, mais les autres maladies de manière globale, parce qu’on sait qu’elles sont contagieuses. Et si on n’a pas une prise en charge précoce, ça peut continuer à se proliférer au sein de la communauté. Et, c’est ce que nous sommes en train de faire. Nous voulons qu’il y ait un recours précoce au niveau de la structure de santé, mais aussi un diagnostic et une prise en charge précoces», avertit la Coordonnatrice nationale des Mtn.