L’ancien président sénégalais Macky Sall ne semble pas prêt à quitter l’arène politique. La récente réorganisation du Secrétariat général exécutif de l’Alliance pour la République (APR), son parti, en est une preuve éclatante. Avec la mise en place d’une nouvelle « task force » de 487 membres, répartis dans les 14 régions du Sénégal et au sein de la diaspora, Macky Sall déploie sa stratégie pour redynamiser son parti et se repositionner sur l’échiquier politique. Cette manœuvre, à la fois territoriale vise à redonner une « virginité politique » à l’ancien chef de l’État et à regagner la confiance des Sénégalais. Mais cette reconquête n’est pas sans défis.
La répartition des membres du nouveau Secrétariat exécutif national (SEN) de l’APR révèle une volonté d’ancrer le parti dans tous les territoires du Sénégal. À Dakar, épicentre politique et économique du pays, 139 hommes et femmes ont été nommés, soulignant l’importance stratégique de la capitale dans les batailles électorales à venir. À Thiès, 49 loyalistes ont été choisis pour consolider la base militante. Saint-Louis, Fatick, Matam, Louga, Tambacounda, Kaffrine, Diourbel, Kolda, Kaolack, Ziguinchor, Kédougou et Sédhiou ne sont pas en reste, avec des représentants soigneusement sélectionnés pour porter le combat politique de Macky Sall.
Cette répartition, bien qu’inégale en termes numériques (de 139 membres à Dakar à seulement 5 dans les régions de Kédougou et Sédhiou), montre une attention portée à la représentativité régionale. En incluant la diaspora, avec 27 membres, Macky Sall reconnaît également le rôle des Sénégalais de l’étranger, dont l’influence économique et politique ne cesse de grandir.
Une tentative de renaissance politique…
Cette réorganisation ne se limite pas à une simple redistribution des rôles au sein du parti. Elle s’inscrit dans une logique plus large de reconquête politique. Après une défaite cinglante de son parti lors de la dernière élection présidentielle (35,79 % des voix avec comme candidat Amadou Ba) et un score modeste aux législatives (seulement 16 députés), Macky Sall cherche à redorer son image et celle de son parti. En misant sur des figures locales et des militants de terrain, il espère renouer le dialogue avec les populations et répondre aux attentes des Sénégalais, souvent déçus par des promesses non tenues.
La nomination de loyalistes dans chaque région montre également que Macky Sall entend garder un contrôle serré sur son parti. En s’appuyant sur des hommes et femmes qui lui sont fidèles, il se prémunit contre d’éventuelles dissensions internes et renforce son leadership. Cependant, cette stratégie pourrait aussi être perçue comme une tentative de verrouillage du parti, limitant l’émergence de nouvelles voix et de nouvelles idées au sein de l’APR.
Si cette réorganisation est ambitieuse, elle n’est pas sans risques. Tout d’abord, la représentativité numérique inégale entre les régions pourrait susciter des frustrations. Les régions moins représentées, comme Kédougou et Sédhiou, pourraient se sentir marginalisées, ce qui risquerait d’affaiblir l’unité du parti. Ensuite, la forte concentration de membres à Dakar pourrait donner l’impression que l’APR reste un parti centré sur la capitale, au détriment des régions périphériques.
Par ailleurs, la reconquête de la confiance des Sénégalais ne se fera pas uniquement par une réorganisation interne. Macky Sall et l’APR devront faire face à des défis, notamment la question de la reddition des comptes. Les accusations liées à la période trouble précédant son départ, marquée par des violences ayant entraîné la mort de plus de 80 personnes, pèsent lourdement sur son héritage politique. De plus, la possible abrogation, même partielle, de la loi d’amnistie pourrait exposer certains de ses proches collaborateurs à des poursuites judiciaires, tout en ravivant les tensions au sein de l’opinion publique.