Loi française de programmation militaire: 413 milliards d’euros pour transformer les armées

Le premier poste budgétaire de cette modernisation sera consacré à la dissuasion nucléaire pour développer de nouveaux vecteurs aériens et moderniser les forces sous-marines stratégiques. À elle seule, la dissuasion devrait consommer 13% du budget XXL de cette loi de programmation militaire, c’est le montant de l’assurance vie de la France, estime les députés de la commission défense de l’Assemblée nationale. Face au retour de la guerre en Europe et à la montée des tensions internationales, la loi de programmation militaire définit un format d’armée avec des forces composées de 275 000 militaires et civils.

Les équipements : avions, véhicules blindés, un porte-avion de nouvelle génération représentent 268 milliards d’euros. Pour remédier à des faiblesses mises en lumière par la guerre en Ukraine, comme les stocks de munitions et la défense sol-air, un effort d’un peu plus de 20 milliards d’euros sera consenti. Mais surtout, l’accent sera mis sur les nouveaux champs de la conflictualité, comme l’espace, le cyber, les grands fonds marins, les drones. Et le renseignement qui, avec 5 milliards d’euros, se taille la part du lion.

Âpres débats en perspective 

Si la nécessité d’une armée puissante reste consensuelle sur les bancs de l’Assemblée, c’est la façon d’y répondre qui donne lieu à des différences. Contrairement aux cibles initiales, il y aura des décalages de livraisons de matériel après 2030. Les armées recevront par exemple 2 300 blindés sur la période, soit 30% de moins qu’initialement prévu, quant à l’armée de l’Air, elle disposera de 137 Rafale en 2030, contre un objectif initial de 185.
L’essentiel des crédits sera aspiré par le renseignement, car pour rester dans la course, il faut gravir d’importantes marches technologiques. Et la multiplication des capteurs spatiaux ou sous-marins exige aussi d’importants moyens informatiques pour traiter les données. Et ces sauts technologiques ont un coût important, comme l’explique Jean-Charles Larsonneur, membre de la commission Défense, interrogé par Franck Alexandre sur RFI. 

« Tout l’équilibre à trouver est de se dire, nous devons intervenir avec notre marine, avec notre armée de l’Air, avec notre armée de Terre, sur tel ou tel scénario, de dessiner ces scénarios, de voir quels besoins on peut avoir en char, en avion, et bien sûr dans différents milieux. C’est d’ailleurs un paramètre important de cette programmation militaire, c’est qu’outre les domaines les plus connus, il s’agit aussi de développer des capacités pour les fonds marins, vous savez qu’on parle beaucoup de câbles dans les océans, et dans des domaines comme le cyber, là aussi un domaine dans lequel un effort est porté de manière tout à fait considérable. Le renseignement : il est important, c’est vrai, que la France se fasse sa propre idée sur l’état du monde et l’état des menaces. Alors après, en effet, on peut se poser la question de la vocation de la France, est-ce qu’elle devrait-être principalement autocentrée sur elle-même ? Ou plus ouverte sur des alliances ? Est-ce que sa vocation est d’abord de défendre l’Europe ou plus généralement de se porter sur des missions au grand large ? Vous voyez que la réponse est loin d’être aussi simple, on est dans des zones de gris par rapport à des choix qui sont à faire, face à une enveloppe qui est proposée.

Celle que propose le gouvernement, c’est 413 milliards d’euros sur la période, c’est bien, mais c’est strictement suffisant ».

 

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