C’est avec regret et dans la plus grande consternation que nous vous adressons cette correspondance. Effectivement, les Formateurs du Moyen Secondaire des Centres régionaux de formation des personnels de l’éducation (CRFPE) sont victimes d’une série d’injustices dont la plus flagrante est celle qui a consisté à exclure du décret nommant les formateurs des CRFPE les collègues ayant le grade de professeur d’enseignement moyen (PEM) et celui de professeur de collèges d’enseignement moyen (PCEM). Également, ils ont été exclus de la présidence de jurys du bac. Toutes ces mesures ont été prises en violation flagrante de l’accord obtenu entre le ministre de l’éducation nationale et les syndicats en juin 2023. De quoi s’est-il réellement agi ? D’une prétendue application d’un décret non seulement mal interprété par les services de la Direction des ressources humaines mais également appliqué à des agents du ministère de l’éducation nationale en ignorant le principe de la non rétroactivité (jurisprudence ENS – FASTEF). Nous nous expliquons : la DRH avait dans un premier temps voulu retirer immédiatement les formateurs PEM et PCEM des CRFPE alors qu’ils y sont affectés, pour certains, sur la base d’un arrêté ministériel et pour d’autres sur la base d’une décision de mutation des inspections d’académie. En plus, le ministre de l’éducation nationale sortant avait clairement instruit la DRH de ne faire partir personne et de donner l’indemnité à tous les formateurs étant donné qu’ils accomplissent depuis douze ans les mêmes missions de formation continuée des professeurs du moyen secondaire dans les lycées et collèges sans avoir aucune indemnité.
Monsieur le Ministre, le sentiment le plus blessant et vexant c’est le retrait injuste et injustifié des mêmes collègues de la liste des personnels de l’éducation devant assumer les charges de présidents de jurys du baccalauréat. Or, depuis toujours, ils ont exercé cette fonction avec brillance et avec responsabilité. Ainsi donc, nous ne comprenons pas cette volonté de déstabiliser le moyen secondaire en y instaurant un régime de discrimination et d’injustice incompréhensible.
Pourtant, le décret 2020-795 n’exclut aucun professeur de l’enseignement secondaire dans la mesure où en son article 19 il est bien dit que les formateurs permanents des CRFPE sont choisis parmi les inspecteurs de l’enseignement élémentaire et les professeurs de l’enseignement secondaire. Ensuite, pour les postes de direction dans les CRFPE, le décret en son article 12 cible les professeurs d’enseignement secondaire (PES) et les inspecteurs de l’enseignement élémentaire. Donc, là, il faut tout de suite faire la différence entre professeurs de l’enseignement secondaire et professeurs d’enseignement secondaire. Le premier terme vise sans équivoque le cycle et le second le corps.
Monsieur le Ministre, l’on est même allé jusqu’à exclure les formateurs dont les disciplines n’ont pas de PES, à savoir éducation artistique arts plastiques, éducation artistique musicale, technologie et économie familiale. Dans le même temps, l’on note dans l’arrêté des formateurs du CRFPE de Dakar, arrêté 2937 du 14/02/2024, des agents nommés formateurs sans appel à candidatures. Si c’est un pouvoir discrétionnaire qui a permis de les nommer, le même aurait dû permettre d’intégrer dans l’arrêté les formatrices et formateurs dont la discipline ou le secteur ne dispose pas de PES encore moins d’inspecteurs.
Monsieur le Ministre, des syndicats du G7 vous ont saisi de la question ces derniers jours en vous remettant la liste des cinquante-sept (57) collègues affectés par les mesures mais nous constatons avec regret que, du côté du ministère, l’on ne montre pas une volonté de rétablir dans leurs droits les formateurs omis des arrêtés et de la liste des présidents de jurys du baccalauréat, à quelques jours de la formation y relative. Et à ce niveau, nous osons espérer que des personnels n’intervenant pas dans le secondaire ne seraient pas commis pour la formation des présidents de jurys du baccalauréat.
Monsieur le Ministre, nous voudrions vous informer que le programme du moyen secondaire des CRFPE est en péril car il y a eu beaucoup de départs depuis deux ans et les postes ne sont pas pourvus. Il existe actuellement au CRFPE de Dakar, le plus grand centre, des secteurs sans Formateurs malgré la possibilité de procéder à des appels à candidatures.
Ajouté à tout cela, le manque de moyens et de motivation manifeste des formateurs du moyen secondaire qui n’ont même pas une indemnité d’encadrement ou une indemnité de fonction digne de leurs charges : participation aux commissions d’élaboration et de validation des sujets du baccalauréat et du concours général, accompagnement du long et dur processus des progressions harmonisées en vue des évaluations standardisées (PHARES), encadrement des professeurs stagiaires de la FAD – FASTEF, visites de classes, supervision et pilotage des cellules d’animation pédagogique (CAP). Tout ce travail, depuis treize ans a été mené par des femmes et des hommes dont la plupart sont partis à la retraite ou décédés sans avoir jamais perçu l’indemnité de fonction annoncée depuis le décret de 2011 portant création et fonctionnement des CRFPE. Aujourd’hui, la seule et unique récompense c’est de décider de retirer cinquante-sept (57) formateurs compétents, ayant acquis tant d’années d’expérience dans la formation continue.
Enfin, nous voudrions, Monsieur le Ministre, vous faire part de l’injustice dont les formateurs mutés à la Direction de la Formation et de la Communication (DFC) en qualité de Coordonnateurs nationaux de discipline (CPN). En effet, ils ne perçoivent aucune indemnité de fonction car étant considérés comme des agents de bureau.
Monsieur le Ministre, vu tout ce qui précède, nous souhaiterions vous rencontrer pour échanger sur ces questions pour sortir le programme du moyen secondaire de l’impasse dans laquelle des autorités de votre département l’ont installé. Nous restons à votre totale disposition pour toute information complémentaire.
Veuillez recevoir, Monsieur le Ministre, l’expression de nos salutations distinguées.