Les Etats-Unis ont relancé la panique sur les marchés mondiaux mercredi avec une nouvelle salve de droits de douane pour des dizaines de pays, dont un taux de plus de 100% à la Chine, qui a promis une réponse « ferme et vigoureuse ».
Quelque 60 pays au total sont concernés par ces surtaxes supplémentaires voulues par le président américain Donald Trump, entrées en vigueur à 04H00 GMT. Parmi eux figurent les 27 Etats membres du bloc européen, qui se voient appliquer un taux de 20%.
Pour l’adversaire et rival chinois, la Maison Blanche a rendu public un décret « amendé » par Donald Trump, qui a fait grimper de « 34% » à « 84% » la taxation en principe dorénavant perçue par Washington sur les importations venues de Pékin.
Cette nouvelle hausse avait été annoncée lundi après la riposte de Pékin, qui a décidé de relever de 34 points ses droits de douane sur les produits américains à compter de jeudi.
Ajoutée aux 20% déjà appliqués depuis janvier sur les produits importés de Chine, elle porte à 104% le taux imposé par Washington aux produits « made in China ».
Un niveau record qui pousse Pékin à afficher son intransigeance. « Nous continuerons à prendre des mesures fermes et vigoureuses pour sauvegarder nos droits et intérêts légitimes, » a ainsi prévenu un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, en invoquant « le droit inaliénable et légitime au développement du peuple chinois ».
– Les marchés replongent –
Après un léger rebond mardi soir, les marchés boursiers internationaux, affolés par ce chamboulement de l’ordre commercial mondial, ont replongé mercredi. Les investisseurs craignent les conséquences de ces postures commerciales radicales sur l’inflation, la consommation et la croissance.
Au Japon, l’indice vedette Nikkei a terminé sur un plongeon de 3,93%, tandis que la monnaie japonaise, considérée comme une valeur refuge, grimpait de 0,7% vers 06H35 GMT face au dollar. D’autres places en Asie ont également chuté, comme Taipei (-5,8%) ou Séoul (-1,73%).
En Europe, les marchés ont également ouvert en forte baisse. Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris perdait 2,84%, Francfort 2,37%, Londres 2,31%, Milan 2,78%, et la Bourse suisse 2,86%.
Témoin de la panique sur les marchés internationaux, le pétrole est aussi au plus bas depuis quatre ans, autour de 60 dollars le baril, tandis que le won sud-coréen a touché un plancher jamais atteint depuis 2009.
Très dépendante de ses exportations, surtout pour ses automobiles, très vendues sur l’immense marché américain, la Corée du Sud, qui se voit appliquer une surtaxe de 25%, a annoncé deux milliards de dollars d’aides à ses constructeurs.
Première banque centrale à réagir, celle de Nouvelle-Zélande a réduit ses taux d’intérêt de 25 points de base à 3,5%. La Banque centrale indienne a suivi en invoquant une conjoncture mondiale « difficile » et abaissé ses taux d’intérêt à 6%.
L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), qui compte dix pays dont le Vietnam, frappé par une surtaxe de 46%, a appelé mercredi à « agir avec audace » pour répondre au risque de guerre commerciale.
– « Accords sur mesure » –
Le président Trump, qui entend rapatrier la production manufacturière aux Etats Unis, a promis face à cette panique « des accords sur mesure, pas du prêt-à-porter, mais de la haute couture », notamment avec les alliés asiatiques de l’Amérique, Japon et Corée du Sud en tête.
Lors d’un dîner avec des caciques du Parti républicain, le milliardaire conservateur s’est félicité que des dizaines d’Etats – y compris le Chine d’après lui – « fassent tout » pour trouver un accord avec Washington. « Ces pays nous appellent pour nous lécher le cul », a-t-il plastronné.
Malgré ces provocations, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a exhorté à « éviter l’escalade », lors d’un entretien téléphonique avec le Premier ministre chinois Li Qiang.
L’Union européenne devrait présenter sa réponse « en début de semaine prochaine », selon un porte-parole.
L’UE a proposé de répliquer aux taxes américaines sur les importations d’acier par des droits de douane de 25% sur des marchandises américaines, mais épargnera le bourbon, pour éviter des représailles visant les vins et spiritueux européens, selon une liste consultée par l’AFP.
« L’objectif est d’arriver à une situation où le président Trump revienne sur sa décision », a assuré mardi le président français Emmanuel Macron.
Considérée comme plus proche de Donald Trump, la Première ministre italienne d’extrême droite Giorgia Meloni a annoncé mardi soir qu’elle se rendrait à Washington le 17 avril.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « particulièrement inquiet pour les pays en développement les plus vulnérables sur lesquels les impacts seront plus dévastateurs ».