Aucune des deux chambres du Congrès – ni le Sénat aux mains des démocrates, ni la Chambre des représentants contrôlée par les républicains – ne sont pour l’instant parvenues à adopter une loi de finances pour prolonger le budget de l’Etat fédéral, qui expire à minuit dans la nuit de vendredi 17 novembre à samedi.
Sans accord d’ici cette date, la première économie du monde ralentira subitement: 1,5 million de fonctionnaires seront privés de salaire, le trafic aérien sera perturbé, tandis que les visiteurs des parcs nationaux trouveront porte close.
La plupart des élus des deux camps ne veulent pas de cette situation qui est extrêmement impopulaire, le fameux « shutdown ».
Une destitution la dernière fois
Les dernières négociations autour du budget fédéral américain, fin septembre, avaient déjà plongé l’institution dans le chaos.
Des élus trumpistes, furieux que le président républicain de la Chambre des représentants Kevin McCarthy ait conclu un accord de dernière minute avec le camp démocrate, l’avaient destitué — une situation absolument inédite.
Il avait ensuite fallu trois semaines aux élus pour s’accorder sur un nouveau « speaker ». Trois semaines durant lesquelles le Congrès américain n’avait pas été en mesure d’adopter la moindre loi.
Le nouveau président de la Chambre, Mike Johnson, inconnu du grand public et doté d’une expérience très limitée au sein de l’état-major républicain, cherche lui encore à prendre ses marques. Il ne s’est pas encore prononcé explicitement sur la marche à suivre pour écarter la possibilité d’un « shutdown ».
Il est de toute façon contraint de composer, comme son prédécesseur, avec une poignée de trumpistes, partisans d’une orthodoxie budgétaire très stricte, et les démocrates, qui refusent de se voir dicter la politique économique du pays par des lieutenants de l’ancien président.
« La seule façon d’éviter une paralysie budgétaire est de coopérer entre les deux partis », a estimé jeudi le chef démocrate du Sénat Chuck Schumer, implorant les républicains « à tirer les leçons du fiasco d’il y a un mois ».
Crise de la dette en juin
Il est de fait très courant que des accords de dernière minute soient trouvés sur ces lois de finances. Mais les divisions partisanes sont telles que les tractations prennent très rapidement un ton extrêmement acrimonieux.
Les Etats-Unis ont déjà évité en juin un défaut de paiement à la suite de longues négociations entre l’administration Biden et les conservateurs.
Un défaut de paiement aurait été inédit, alors que les Etats-Unis ont déjà connu plusieurs périodes plus ou moins prolongées de « shutdown ».
C’est sous la présidence de l’ancien dirigeant républicain Donald Trump que les Etats-Unis avaient traversé leur plus longue paralysie budgétaire, à l’hiver 2018. Selon plusieurs estimations, le PIB des Etats-Unis avait alors été amputé de plus de 3 milliards de dollars.