Le sac vendu à 30.000 F CFA: Les commerçants refusent que l’on casse le sucre sur leur dos

Les ménages se démènent pour trouver du sucre. Les commerçants rejettent toute responsabilité de cette situation et se défendent. 
 
Le marché de Ouakam baigne dans l’effervescence. Des clients se bousculent pour s’approvisionner en denrées alimentaires en ce deuxième jour de ramadan. Seulement, le constat de la pénurie du sucre est bien une réalité dans ce marché. Ici, les clients se rendent d’une boutique à l’autre pour trouver du sucre. Ils ressortent  les mains vides. Le sucre est introuvable.
 
Maguette, fait la revue des boutiques et des cantines. Son panier contient toutes les denrées de choix sauf, le sucre. Elle affirme avoir fait le tour du marché mais peine à en trouver.
 
« C’est vraiment difficile. Depuis ce matin, je cherche du sucre. J’ai fait pratiquement le tour de quatre boutiques qui n’en disposent pas. J’ai acheté toutes les autres denrées mais sans sucre, c’est compliqué en ce moment de ramadan où on en a besoin pour faire du thé,du café ou du jus pendant la rupture.  Les boutiquiers de mon quartier refusent de vendre du sucre et ne nous donnent pas de raisons valables. J’ignore ce qui se passe en tout cas, mais la situation est préoccupante », rapporte la dame. 
 
La pénurie de sucre perturbe les menus des ménages durant ce mois béni du ramadan. Maguette n’a pas pu préparer des jus de Bissap, du thé pour son époux. Hier, elle s’est contentée du sucre cristal.   « Je ne comprends plus. C’est compliqué. Que l’Etat nous vienne en aide. J’invite aussi les commerçants à avoir  de la pitié envers les ménages qui cherchent désespérément le sucre. Nous sommes très fatigués. C’est impossible »,déplore-t-elle.
 
Trouvée dans une boutique ,Ndèye Sougou a porté son choix sur le sucre en poudre. La situation l’oblige. Ce choix a un prix. 
 
 » On est au mois du ramadan,et tout le monde sait qu’on consomme plus de sucre durant cette période. C’est très difficile. Les ménages sont fatigués parce que certains boutiquiers qui en  profitent actuellement de la situation pour vendre le kg de sucre à 900 francs. D’autres écoulent le sucre importé à 1200 francs Cfa le paquet. Les clients sont obligés d’acheter parce qu’on ne peut pas rester sans sucre surtout avec le contexte du ramadan. C’est vraiment difficile. Nous invitons l’Etat à régler ce problème, le plus rapidement possible »,lance-t-elle.
 
L’atmosphère d’incompréhension flotte au-dessus des marchés. Les commerçants ne veulent pas que l’on casse le sucre sur leur dos. Alassane Ba et Massamba Sarr, balaient d’un revers de la main la pénurie.  Ils confirment la disponibilité du produit sur le marché. Dans la foulée, ils reconnaissent que le sac  est vendu à 30.000 F. C’est ce qui serait à l’origine de sa cherté.
 
« Il ne s’agit pas d’une pénurie de sucre. Le sucre est bien présent sur le marché dans certaines boutiques  grossistes. La seule chose qui justifie la réticence des boutiquiers , c’est que du sucre en poudre est que le sac coûte trop cher. Si on l’achète pour revendre, c’est une perte qui nous revient. On nous vend le sac à 30 000 F et l’État nous impose de revendre le kilogramme à 575 F. Ça ne nous arrange pas en tant que détaillants. C’est pourquoi beaucoup de boutiquiers refusent de vendre le sucre pour éviter des pertes et des problèmes avec les contrôleurs économiques qui viennent tous les jours pour vérification », évoquent-ils.
 
Dans ce contexte, des responsables des organisations professionnelles prennent l’Etat pour le seul responsable. C’est le cas de Alla Dieng, Directeur exécutif de Unacois Yessal. 
 
 » Les commerçants sont dans leurs droits. Ils ne peuvent pas acheter le sac de sucre à un prix élevé pour le revendre aux prix fixés par l’Etat. S’ils font ça, ils vont perdre. Si certains commerçants jugent nécessaire de ne pas vendre le sucre pour éviter des pertes, là on y peut rien. Personne ne peut les imposer à faire ce qui ne les arrange pas. Le problème c’est l’Etat. A mon avis, l’État ne peut pas dire qu’il a fait baisser les prix et que cette baisse n’est pas effective.  je veux dire sur les taxes douanières et autres. Je suis désolé, mais ça ne signifie rien parce que dans ce cas, les commerçants sont obligés d’acheter les produits à des prix élevés et ne pourront pas appliquer les tarifs fixés par l’Etat », argumente Alla Dieng. 
 
Pour ce dernier, les commerçants ne peuvent pas prendre le risque de vendre le sucre à un prix qui n’est pas fixé par l’Etat sinon ils seront sanctionnés par les contrôleurs économiques. 
 
« L’Etat doit diminuer les taxes douanières pour permettre aux commerçants d’acheter et de vendre du sucre. Il doit aussi faire des efforts pour assainir la situation économique s’il le faut même créer une autre compagnie sucrière »,glisse-t-il.
 
Pourtant, à l’issue d’un conseil national sur la consommation qui s’est tenu le 05 novembre 2022, le Président de la République avait pris la décision de faire baisser les prix des denrées alimentaires de première nécessité comme le sucre, le lait, l’huile entre autres pour soulager les ménages face à la forte inflation. Cependant, certains consommateurs interrogés attendent toujours de voir les effets sur leur pouvoir d’achat.

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