Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner a accusé mardi l’état-major de son pays de commettre une « trahison » en refusant selon lui de fournir du matériel à ses mercenaires, en première ligne dans l’est de l’Ukraine.
Ces déclarations de l’homme d’affaires Evguéni Prigojine marquent une escalade dans les tensions qui opposent son groupe Wagner à l’armée russe, qui apparaissent en concurrence sur le terrain en Ukraine.
Les tensions sont devenues de plus en plus visibles ces dernières semaines, alors que les forces russes tentent de s’emparer de la ville de Bakhmout (est), l’armée et Wagner revendiquant chacun des avancées en se contredisant parfois.
« Le chef d’état-major et le ministre de la Défense distribuent des ordres à tout-va demandant non seulement de ne pas donner de munitions au groupe paramilitaire Wagner, mais également de ne pas l’aider en matière de transport aérien », a grondé M. Prigojine dans un enregistrement vocal publié par son service de presse sur Telegram.
« Il y a une opposition frontale, qui n’est rien de moins qu’une tentative de détruire Wagner. Cela peut être assimilé à une trahison de la patrie, alors que Wagner combat pour Bakhmout, essuyant des pertes par centaines chaque jour », a-t-il ajouté.
Si M. Prigojine a plusieurs fois critiqué le haut commandement russe dans le passé, cette attaque ad hominem contre le chef d’état-major Valéri Guerassimov et le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, deux des principales figures du pouvoir de Vladimir Poutine, est clairement une escalade.
Ces tensions illustrent aussi les difficultés que rencontrent les forces russes à trois jours de l’anniversaire du déclenchement de l’offensive contre l’Ukraine, censée s’achever rapidement par la prise de Kiev et désormais enlisée.
Wagner, qui a recruté des milliers de prisonniers pour combattre en Ukraine, mène l’assaut sur Bakhmout depuis l’été et a récemment conquis une série de localités avoisinantes pour tenter d’encercler la ville.
Mardi, M. Prigojine a accusé le haut commandement d’avoir même interdit de livrer aux combattants de Wagner des « pelles qui leur permettent de creuser des tranchées ».
Ni l’armée, ni le ministère de la Défense n’avaient réagi dans l’immédiat.