Le rapport Countdown 2030, publié par la revue scientifique britannique The Lancet en collaboration avec l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSEP), a été lancé ce lundi 14 avril 2025 à Dakar. Ce document se présente comme une réponse directe à la carence chronique de données fiables, un obstacle majeur à l’élaboration de politiques de santé pertinentes au Sénégal. « Ce rapport marque un tournant dans la réflexion sur la santé sexuelle, reproductive, maternelle, néonatale et infantile (SR-MNI) en Afrique », a déclaré Cheikh Mbacké Faye, directeur exécutif de l’African Population and Health Research Center (APHRC).
Fruit de trois années d’analyses rigoureuses menées dans plus de 80 pays, Countdown 2030 met en lumière les progrès accomplis tout en soulignant les obstacles persistants à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD). Selon M. Faye, « malgré des avancées depuis 2015, le rythme des progrès a considérablement ralenti en raison de la pandémie de COVID-19, des crises sécuritaires et des faiblesses structurelles des systèmes de santé ». Il identifie le manque de données fiables, actualisées et désagrégées comme l’un des principaux freins. « Le Plan stratégique SR-MNI 2024-2029 du Sénégal a été élaboré dans un contexte de données limitées, ce qui a entravé l’analyse, la planification et le suivi pendant près de deux ans », a-t-il ajouté.
Le rapport Countdown 2030 se positionne comme un outil correctif en proposant une batterie d’indicateurs actualisés et contextualisés. Ces indicateurs sont conçus pour orienter les choix stratégiques, guider les allocations budgétaires et promouvoir l’équité dans l’accès aux services de santé. « Ce rapport offre au Sénégal une opportunité de passer d’une volonté politique à des actions concrètes fondées sur des données probantes », explique le Dr Faye. Il précise que le Sénégal est mis en avant non par simple intérêt, mais en raison de données alarmantes : l’Afrique de l’Ouest, et particulièrement le Sénégal, affiche des taux élevés de mortalité maternelle et infantile, nécessitant une mobilisation urgente, une gouvernance renforcée et des investissements ciblés, notamment dans les zones les plus vulnérables.
Présidant la cérémonie, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Dr Ibrahima Sy, a insisté sur l’importance des données : « Sans données fiables, il ne peut y avoir de politique de santé efficace. » Pour lui, combler le déficit en matière de production, de diffusion et d’utilisation des données est essentiel si l’Afrique de l’Ouest veut atteindre les ODD. « Il ne s’agit pas seulement d’un défi technique, mais d’un enjeu d’équité et de justice sociale. Le Sénégal a aujourd’hui l’opportunité de transformer ses ambitions en résultats concrets, à condition de faire des données un pilier central de son système de santé », a-t-il conclu.