L’Allemagne, qui refuse la livraison de missiles longue portée réclamés par Kiev, va fournir 4.000 drones sophistiqués à l’Ukraine en difficulté contre la Russie, a annoncé lundi le ministre de la Défense.
« Il s’agit de drones pilotés par intelligence artificielle (IA) et qui peuvent mettre hors service les défenses électroniques des drones adverses », a expliqué à la presse le ministre Boris Pistorius.
Ces 4.000 unités, « livrables très rapidement » seraient en mesure d’agir sur une portée de « 30, 40 km » en territoire russe et « d’attaquer des postes de combat, des nœuds logistiques et autres », a-t-il ajouté, estimant qu’ils constituaient « un atout supplémentaire important pour les forces armées ukrainiennes ».
Berlin avait annoncé en juin la livraison de milliers de drones à l’Ukraine, sans précision sur leurs caractéristiques techniques.
Les drones high-tech sont fabriqués par Helsing, entreprise européenne spécialisée dans l’intelligence artificielle (IA) de défense qui a conclu en septembre un contrat avec le ministère ukrainien de la Défense, selon le quotidien Bild.
Les drones pilotés par IA sont surnommés « mini Taurus », affirme Bild, en référence au missile allemand de croisière Taurus, d’une portée de plus de 500 kilomètres, dont le gouvernement ukrainien a réclamé la livraison à plusieurs reprises, mais en vain.
Une comparaison rejetée par le ministère de la Défense. « Ces drones sont des drones tactiques avec une portée limitée et le lien fait avec le Taurus (…) n’existe pas », a indiqué lundi Natalie Jenning, une porte-parole du ministère.
Le chancelier social-démocrate Olaf Scholz (SPD), à la tête d’un gouvernement minoritaire avec les Verts depuis l’éclatement de sa coalition le 6 novembre, justifie son refus de livrer des Taurus par la crainte d’une escalade entre la Russie et les Occidentaux.
Olaf Scholz s’est « clairement engagé » sur la question des Taurus et ne « changera plus » de position, a mis au point lundi un de ses porte-paroles après le feu vert donné par les États-Unis à l’Ukraine d’employer les missiles longue portée américains contre la Russie.
Après des mois d’hésitation, Washington a pris cette décision à quelques semaines de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, selon un responsable américain et des informations de presse.
La position du chancelier allemand est contestée par d’autres responsables politiques. Le ministre écologiste Robert Habeck, en lice pour les élections du 23 février, a déclaré dimanche qu’il reviendrait sur la décision de Scholz s’il était chancelier.
Les conservateurs, en tête dans les sondages d’opinion, ont aussi régulièrement plaidé pour l’envoi des Taurus.