En raison de «nouveaux comportements en matière de sobriété et d’usages», la consommation de gaz en France a même baissé de 20% en deux ans, une chute «historique», selon GRTgaz
Un record. La consommation de gaz des Français est tombée en 2023 à son plus bas niveau depuis les années 1990, en raison d’un climat plus doux, d’efforts de sobriété et de changements de comportement liés à la transition énergétique, selon le bilan annuel du gestionnaire du réseau de transport de gaz GRTgaz publié mardi. «La consommation française de gaz baisse de 11,4% en 2023 et passe sous la barre des 400 TWh, reflétant de nouveaux comportements en matière de sobriété et d’usages», indique le gestionnaire dans un communiqué. Elle chute même de 20% en deux ans (entre 2021 et 2023), une baisse qualifiée d’«historique» par GRTgaz. La consommation nationale de gaz en 2023 (particuliers, entreprises, grands industriels et pour les centrales électriques) s’est établie à 381 TWh (contre 430 TWh en 2022 et 474 TWh en 2021), un niveau qui n’avait plus été vu depuis les années 1990, a indiqué GRTgaz à l’AFP. Le pic remonte à 2010 avec 547 TWh de gaz consommé.
En deux ans, sur 2021-2023, la consommation de gaz aura reculé de 20%, une baisse qualifiée d’«historique». La tendance observée depuis 2021 et le début de la hausse des prix du gaz, entraînés par la reprise économique post-pandémique, s’est confirmée en 2023, et ce, «malgré une stabilisation des prix du gaz en Europe et un retour à leurs niveaux d’avant-guerre en Ukraine», explique GRTgaz. Le prix moyen du gaz sur les marchés selon l’indice du TTF néerlandais – considéré comme la référence européenne du gaz – s’affiche à date à 22 euros le MWh, deux fois moins qu’en 2023 (43 euros) et 5,5 fois et demi moins que pendant l’année 2022 (121 euros) marquée par une flambée inédite après la guerre en Ukraine et la réduction drastique des approvisionnements de Moscou vers l’Europe.
Dans le détail, la consommation des distributions publiques (ménages, tertiaire, petite industrie) a baissé de 6,5% en 2023 par rapport à 2022, à 253 TWh, en données corrigées du climat. Un recul similaire à celui observé entre 2021 et 2022 (-6,2%). «Cela signifie que, même si on a des hivers doux, les consommateurs ont changé leur comportement (…) et puis il y a aussi probablement un effet d’efficacité énergétique», a commenté auprès de l’AFP Sandrine Meunier, directrice générale de GRTgaz. La consommation des grands clients industriels énergivores (chimie, verre, etc) recule de 7,4% à 103,8 TWh, après une baisse de 11,5% en 2022. Depuis 2021, la baisse atteint – 18,2%, traduisant le fait que certains industriels, avec la hausse des prix, ont «arrêté des process industriels» ou se sont convertis à «d’autres types d’énergie» comme l’électricité, selon Sandrine Meunier.
En 2022, la baisse de la consommation nationale gazière avait été moins importante (-9,3%), mais l’année avait été marquée par un recours record au gaz pour alimenter les centrales thermiques afin de pallier l’indisponibilité de nombreux réacteurs nucléaires touchés par des problèmes de corrosion. En 2023, grâce à la remontée du nucléaire, la consommation de gaz pour produire de l’électricité est revenue au niveau de 2021 à 36 TWh, en baisse de 40% par rapport à 2022.