La Journée mondiale contre le cancer est célébrée chaque année le 4 février. Cette journée est consacrée non seulement à faire le point sur la situation, mais aussi à promouvoir la prévention et la sensibilisation au dépistage et aux traitements précoces. En 2025, le thème « Unis par l’unique » vise particulièrement la mobilisation collective. Cette approche suggère que les acteurs pourraient jouer un rôle majeur dans l’éradication, par exemple, du cancer du col de l’utérus d’ici la fin du siècle, à condition que des mesures appropriées soient mises en place.
Un appel à l’action mondial
Depuis 2018, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé un Appel à l’action pour l’élimination du cancer du col de l’utérus. Cet appel repose sur trois objectifs principaux : d’abord, la vaccination, permettant l’immunisation des filles de 9 à 14 ans contre le papillomavirus humain (HPV), principal responsable de cette maladie. Ensuite, le dépistage, qui vise à détecter et traiter 70 % des femmes de 30 à 49 ans présentant des lésions précancéreuses. Enfin, favoriser l’accès aux soins palliatifs pour atteindre une couverture de 90 % des femmes atteintes de cancer du col de l’utérus. Une étude publiée dans The Lancet Oncology a démontré que la généralisation de la vaccination et du dépistage pourrait permettre d’éradiquer ce cancer dans les pays à hauts revenus d’ici 40 ans et dans la majorité des pays d’ici à 2100. L’étude, dirigée par le Dr Marc Brisson, met en évidence qu’une approche combinant vaccination et dépistage systématique pourrait réduire jusqu’à 97 % des cas de cancer du col de l’utérus à l’échelle mondiale.
Au Sénégal, il faut intensifier le combat
Au Sénégal, le cancer du col de l’utérus constitue un problème majeur de santé publique. Chaque jour, cinq nouveaux cas sont diagnostiqués et quatre femmes en meurent. Selon le Pr Abdoul Aziz Kassé, « La sensibilisation et la formation sont deux leviers indispensables ». Le professeur Abdoul Aziz Kassé, oncologue et président de la Ligue Sénégalaise Contre le Cancer, insiste sur ces deux aspects : « La population doit mieux connaître cette maladie. Il faut des campagnes d’information soutenues et une formation approfondie du personnel médical pour renforcer la prévention et le dépistage précoce. » Dans la même dynamique, le professeur Omar Gassama, chef du service d’oncologie à l’Hôpital Aristide Le Dantec, plaide pour un programme national de lutte contre le cancer : « Il nous faut un programme national structurant. Il faut structurer la lutte. Un programme national bien coordonné permettrait d’optimiser les efforts de dépistage et de traitement. »
« Des statistiques fiables pour mieux lutter »
Dr Fatoumata Ndiaye, épidémiologiste, souligne la nécessité de disposer de données précises grâce au récent registre national du cancer au Sénégal : « Sans chiffres précis, nous ne pouvons pas mesurer l’impact des actions entreprises. » Par ailleurs, le Dr Mamadou Diop, gynécologue-obstétricien, plaide pour « un dépistage accessible à toutes » et attire l’attention sur le coût élevé des tests HPV : « Le dépistage doit être abordable. Actuellement, son coût varie entre 30 000 et 100 000 FCFA, ce qui le rend inaccessible à une grande partie de la population. » Le Dr Awa Gueye, radiologue, souligne également le manque criant d’équipements : « Il faut augmenter le nombre d’appareils de radiothérapie. Le Sénégal n’en compte que quelques-uns, largement insuffisants pour couvrir les besoins du pays. »
Les Chiffres du cancer
Les cancers représentent un enjeu majeur pour la santé publique à l’échelle mondiale en raison de leur incidence élevée et de leur rôle central dans la mortalité, étant responsables d’un grand nombre de décès dans de nombreux pays. Le cancer, deuxième cause de décès dans le monde, est responsable d’environ 10 millions de décès par an. Selon l’OMS, près de 70 % de ces décès surviennent dans les pays à faible ou moyen revenu, où les infrastructures de santé sont souvent limitées.
En Afrique, les difficultés liées à la lutte contre le cancer sont exacerbées par plusieurs facteurs, tels que l’accès limité aux soins de santé, l’insuffisance des programmes de dépistage, les ressources insuffisantes et les obstacles socio-économiques.
Au Sénégal, l’incidence et la mortalité liées aux cancers sont en augmentation. Selon Globocan 2020, chaque année, on attend 11 317 nouveaux cas de cancer avec une mortalité estimée à 7 893. Les cinq cancers les plus fréquents durant cette période sont ceux du col de l’utérus (17,1 %), du sein (16,1 %), du foie (9,6 %), de la prostate (7,8 %) et de l’estomac (5,3 %). Le Sénégal, comme de nombreux pays à revenu intermédiaire, est confronté à plusieurs défis dans la lutte contre le cancer.