Alors que le Sénégal se prépare à accueillir l’un des plus grands événements sportifs mondiaux avec les JOJ Dakar 2026, ses propres athlètes évoluent dans une précarité inquiétante. Manirou Dembélé, fondateur de l’association Athlétisme Sénégal et chef de projet du Meeting international d’athlétisme, déplore le manque de soutien et tire un signal d’alarme.
Dans un entretien accordé à L’Observateur, il détaille les difficultés rencontrées par les athlètes sénégalais. À quelques jours de la deuxième édition du Meeting international d’athlétisme, prévue le 19 avril à Kaolack, Dembélé confirme que l’événement est organisé sans aucune subvention de l’État. L’enveloppe, estimée entre 12 et 14 millions de francs Cfa, est assurée par des cotisations personnelles et le soutien de quelques mécènes.
Ce meeting, inscrit au calendrier officiel de World Athletics, permet aux athlètes de gagner des points au classement mondial. Pourtant, l’absence d’accompagnement institutionnel limite fortement son rayonnement.
«Nous avons des demandes d’athlètes étrangers, mais faute de moyens, on ne peut pas tous les accueillir.»
Pire encore, des figures comme Cheikh Tidiane Diouf, qualifié pour les JO de Paris 2024 avec un chrono de 44 secondes sur 400 m, ne bénéficient d’aucune prise en charge de l’État. Diplômé de l’INSEPS, il a été affecté comme enseignant à Dakar, au lieu d’être suivi et préparé pour les prochaines échéances mondiales, dénonce son manager. Qui assène :
«Tu ne peux pas envoyer un athlète de ce niveau enseigner alors qu’il devrait se concentrer sur sa préparation. C’est un non-sens total.»
L’interlocuteur du journal révèle avoir présenté trois projets individuels pour ses athlètes les plus prometteurs, dont Louis François Mendy et Saly Sarr. Aucun n’a été financé, malgré les promesses reçues. «On me dit que les dossiers ont été validés. Mais jusqu’à présent, nous n’avons rien vu.»
Dans un contexte où les pays voisins comme le Burkina Faso dépensent pour envoyer leurs athlètes en stage à l’étranger, le Sénégal semble à la traîne. Le manque d’investissement compromet sérieusement les chances de médailles aux Mondiaux et Jeux Olympiques à venir.
Alors que les JOJ Dakar 2026 approchent à grands pas, Manirou Dembélé ne cache pas son incompréhension face à l’inaction du Comité national olympique.
«Cela fait six mois qu’on essaie de les contacter pour qu’ils s’associent à notre initiative. Silence radio», regrette l’interlocuteur du quotidien du Groupe futurs médias.
Selon lui, ce meeting aurait pu être une vitrine idéale pour préparer et promouvoir les JOJ. Il déplore que le Comité investisse dans des disciplines déjà populaires, comme la lutte, au détriment de l’athlétisme, pourtant première discipline olympique.
Dembélé d’embrayer : «Honnêtement, cela décourage. Si même Cheikh Tidiane est traité de cette façon, que va-t-on faire des autres ?»