Ismaila Madior Fall « je suis au courant de beaucoup de secrets d’Etat et s’ils m’y contraignent je déballerait tout… »

« Je suis au courant de plusieurs secrets d’État », a révélé l’ancien ministre de la Justice, Ismaila Madior Fall.  « On a vécu des périodes où le Sénégal était en crise dans tous les secteurs. Des problèmes d’une extrême gravité qui, en tant que républicain et homme d’État, ne doivent pas être déballés », a-t-il affirmé hier vendredi dans la soirée sur le plateau de 7TV. 

Défendant sa gestion après ss’amuse en accusation devant la Haute Cour de Justice,  il a averti. « Devant une commission d’instruction, devant la juridiction de la Haute Cour de Justice, je dirai tout. Je serai sous serment. Je dirai les éléments qui permettront de comprendre pourquoi moi je fais l’objet d’attaques et de poursuites initiées par le ministère de la Justice que j’ai dirigé à deux reprises. S’ils m’y contraignent en m’accusant de choses que je n’ai pas faites, je déballerai tout. »

Ismaila Madior Fall a précisé qu’il n’existe aucun différend personnel avec son successeur, Ousmane Diagne actuel ministre de la Justice. « Lui et moi n’avons aucun problème. Quand je suis devenu son patron, je l’ai respecté, on a eu de bonnes relations. Il m’a montré de la loyauté et un amour pour son métier. » Toutefois, il a évoqué un épisode qui aurait laissé des différends entre eux. 

« Quand on devait changer le poste d’Ousmane Diagne, je l’ai appelé. Je lui ai dit qu’il avait trois choix : aller à Thiès, rester à Dakar, ou occuper le poste de premier avocat général de la Cour suprême. Il a choisi lui-même d’être premier avocat général. J’ai toujours été courtois et élégant avec lui. Le fait qu’il ait été remplacé par Ibrahima Bakhoum au poste de Procureur général de Dakar ne lui a pas plu. J’ai des preuves et beaucoup de témoignages là-dessus, mais je suis un homme d’État et un républicain. C’est la raison pour laquelle je ne sortirai jamais cela. »

L’ancien ministre dit détenir des informations sensibles. « Moi-même, j’avais un problème dans le Parquet, il y avait des choses graves qui s’y passaient que je ne peux révéler. Mais si cela en vaut la peine, je dirai tout. Et ce sont des choses graves qui pourraient faire comprendre aux gens pourquoi il y a ces accusations contre moi. »

Se disant fidèle aux obligations de réserve de sa fonction, il a estimé cependant que, si la situation l’exige, il n’hésitera pas à tout dévoiler. « En tant que responsable, je ne peux pas connaître des secrets d’État, être au courant de situations graves, de tensions au niveau du Parquet et du Tribunal de Dakar, au niveau de la Justice, et les divulguer. Les autres ne connaissent que des bribes de ce que moi, je connais dans sa totalité. »

Abordant la situation de la Justice sénégalaise durant les périodes de troubles, notamment les événements de mars, il a assuré que l’État n’avait pas « mis les magistrats qui lui plaisaient » pour contrôler le pouvoir judiciaire. « Pour éclairer l’opinion sans faire de déballage, je dirais que la Justice a parfois besoin de changements, qui peuvent donner l’impression d’être arbitraires. »

L’ancien Garde des Sceaux a rappelé sa méthode de travail lorsqu’il était à la tête du ministère qui consistait à consulter tout le monde avant de prendre une décision. « Quand j’étais ministre, je consultais les chefs de Parquet, les chefs de Cour, l’Union des magistrats du Sénégal ainsi que le Parquet pour leur demander leur avis. Mais parfois, des ajustements s’imposaient. » Selon lui, la gestion du Tribunal de Dakar nécessitait des adaptations. 

« Parfois, on enlève des magistrats pour les protéger. Il y avait des juges qui me disaient qu’ils ne voulaient pas se mêler de l’affaire Ousmane Sonko, et je les affectais ailleurs. D’autres refusaient de se retrouver au cœur de polémiques pour préserver leur famille. La logique des changements est donc multiple : protection, demande des magistrats eux-mêmes, ou encore neutralité politique. »

Ismaila Madior Fall conclut en martelant qu’il reste respectueux des institutions et des principes républicains, mais qu’il ne se taira pas si les attaques contre lui se poursuivent. 

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