Il se croit tellement intelligent et futé qu’il a fini par être le moins intelligent…sur le plan politique. Idrissa Seck occupe encore le devant de l’actualité, mais comme très souvent, il met en avant les faux mystères. Au lieu de se montrer clair dans sa démarche, l’homme de Thiès pense qu’il doit toujours avancer ‘’camouflé’’, même s’il est sûr d’être reconnu par tous.
Et c’est ce qu’il vient de faire par une série d’actes posés depuis un peu plus d’un mois. La dernière en date est la publication-suppression d’un message sur ses pages Facebook et Twitter, le 4 avril, jour de fête de l’indépendance. « Macky vous a amené la coupe d’Afrique. Voulez-vous m’accompagner à aller chercher celle du monde dans 4 ans ? », demande-t-il à la jeunesse, après avoir parlé des 63 ans d’indépendance du Sénégal.
Quelques heures plus tôt, Rewmi a sorti une note dans laquelle Idrissa Seck démet Yankhoba Diattara de son poste de vice-président du parti. Le lieutenant de Idy cesse ainsi d’être le numéro deux du parti. Cette décision vient conforter le journal Les Echos qui affirmait dans son édition de lundi que le patron de Rewmi a ‘’humilié’’ ses ministres Yankhoba Diattara et Alé Saleh Diop, lors de la réunion du Secrétariat national tenue samedi 1eravril.
«La station présidentielle m’attend»
Idrissa Seck reproche à son lieutenant, selon les Echos, de n’avoir pas procédé aux recrutements de jeunes dans son ministère, conformément à sa directive. Mais cette sanction intervient surtout au lendemain de la sortie de Diattara qui, ayant goûté aux délices du pouvoir, défend la légalité d’une éventuelle troisième candidature de Macky Sall pour prolonger son bail dans le gouvernement.
Ces actes du patron de Rewmi viennent s’ajouter à ces deux fausses sorties médiatiques. A deux reprises, Idrissa Seck devait prendre la parole à la suite d’une activité politique de l’Apr, mais il a fait faux bond au dernier moment. Le dernier a eu lieu la semaine dernière et ses partisans l’expliquent par sa volonté de participer à l’apaisement de la tension politique. Un argument assez léger, puisque le leader de Rewmi était bien informé de la tension avant de prendre la décision de parler.
En outre, après avoir maintenu le suspense sur sa présence ou non à Thiès, lors du déplacement du chef de l’Etat le 9 février, pour un conseil des ministres décentralisé, Idrissa Seck a encore fait parler de lui. Prononçant un discours devant Macky Sall, il lui lance un message supposé codé ou énigmatique.
«Qu’Il (Le Seigneur) continue d’apaiser votre cœur, de fortifier votre esprit pour que les choix futurs que vous aurez à faire puissent vous valoir un parachèvement de votre parcours déjà exceptionnel d’une telle beauté qu’il n’aura pas d’autre choix que de vous garantir, après une longue et heureuse vie auprès des vôtres, une mention honorable sur les langues de la postérité.»
Le syndrome Pape Diouf, Oumar Guèye
En termes clairs, l’allié de Macky Sall l’invite à ne pas tenter une troisième candidature s’il veut entrer dans la postérité.
Deux semaines après cet épisode, lors d’un séminaire de son parti le 25 février, Idy sort encore une nouvelle phrase qu’il veut fétiche : «la station présidentielle m’attend», dit-il, revendiquant au passage le titre de l’acteur politique le « plus expérimenté en matière d’élections au Sénégal ».
Ainsi en deux mois, Idrissa Seck a suffisamment posé d’actes qui témoignent de son éloignement du camp présidentiel et de la rupture inévitable. Si ce n’est déjà fait, puisque certains voient la preuve du divorce en la poignée de main furtive, échangée lors du défilé du 4 avril entre lui et Macky Sall. Dans tous les cas, le jeu de Idy est suffisamment clair. Mais au lieu d’assumer, ce produit de Wade, toujours trop intelligent, se cache derrière des formules enrobées, des messages ‘’codés’’.
Reste à savoir s’il en sortira vainqueur. Après avoir perdu Pape Diouf et Oumar Guèye lors du premier compagnonnage, Idy a perdu Déthié Fall en entrant à nouveau dans la coalition. Il risque de perdre Diattara (et Aly Saleh ?) en sortant, sans compter Abdourahmane Diouf, Thierno Bocoum, Abdourahim Kébé… A ce rythme, Rewmi finira par être un parti avec une tête, mais sans corps.