Le mouvement étudiant contre l’offensive israélienne dans la bande de Gaza, en représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre, continue dans le monde: parti des campus américains et faisant parfois l’objet d’une répression policière, il a gagné Paris, Lausanne, Berlin, Montréal, Mexico ou encore Sydney.
Etats-Unis :
Depuis le 17 avril, une vague de mobilisation pour Gaza a déferlé sur les campus américains, dans une quarantaine d’universités, d’est en ouest, évoquant les manifestations contre la guerre du Vietnam.
Au total près de 2.000 personnes ont été interpellées, selon un bilan établi par plusieurs médias américains.
Ces derniers jours, la police a procédé à une série de démantèlements manu militari de campements propalestiniens, comme à l’université de New York (NYU) vendredi à la demande de l’établissement.
Des manifestants barricadés dans la prestigieuse université Columbia, épicentre à New York de la mobilisation estudiantine, ont ainsi été chassés. A l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), des dizaines d’étudiants ont été arrêtés.
Une manifestation a été dispersée samedi à l’université de Virginie. La police a arraché les parapluies brandis en guise de boucliers par des manifestants et démoli des tentes, selon une vidéo publiée par le journal étudiant Cavalier Daily.
L’université Brown (Rhode Island, est) s’est elle accordée avec les manifestants sur le démantèlement de leur campement en échange d’un vote sur un éventuel « désinvestissement » de « sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza ».
Longtemps muet, le président Joe Biden a martelé jeudi que « l’ordre devait prévaloir ».
France :
Les forces de l’ordre ont évacué vendredi les militants propalestiniens qui occupaient depuis la veille la prestigieuse école parisienne Sciences Po, qui accueille 5.000 à 6.000 étudiants.
Une semaine après une mobilisation émaillée déjà de tensions à Sciences Po Paris et une précédente évacuation de locaux, « 91 personnes ont été évacuées, sans incident », selon les autorités.
La mobilisation étudiante reste circonscrite à Sciences Po Paris, ses campus en régions (Lille, Le Havre, Dijon, Reims ou Poitiers) et aux Instituts d’études politiques (IEP) mais peine à faire tache d’huile dans les universités.
Le président français Emmanuel Macron a condamné « avec la plus grande fermeté » les blocages à Sciences Po et dans les universités de manifestants propalestiniens, des actions qui « empêchent le débat », juge-t-il dans un entretien aux journaux La Provence et à La Tribune Dimanche.
Allemagne :
La police est intervenue vendredi pour évacuer les manifestants propalestiniens rassemblés devant l’université Humboldt de Berlin, au centre de la capitale.
Certains manifestants ont été expulsés « par la force » après avoir refusé un autre lieu proposé, selon la police berlinoise.
Le maire de Berlin, Kai Wegner, a critiqué la manifestation, écrivant sur X que la ville ne voulait pas de « situations comme aux États-Unis ou en France ».
Canada :
Le mouvement étudiant propalestinien s’est implanté dans plusieurs villes dont Vancouver, Ottawa, Toronto et Montréal. Le premier campement érigé et le plus important, celui de la prestigieuse université McGill à Montréal, a débuté le 27 avril et pris de l’ampleur.
Les centaines de manifestants ont fortifié leur campement ces derniers jours en raison de la menace d’un démantèlement par les forces de l’ordre.
Ils se disent déterminés à occuper les lieux aussi longtemps qu’il le faudra, jusqu’à ce que McGill coupe tout lien financier ou académique avec Israël.
La direction de l’établissement a déclaré mercredi souhaiter que le campement soit démantelé « sans délai », affirmant qu’il s’agissait d’une demande « non négociable ». Selon elle, « un certain nombre de manifestants ne font pas partie de la communauté étudiante ».
La police de Montréal, qui dit préconiser une dénouement « pacifique » de la situation, n’est pour l’instant pas intervenue pour démanteler le camp.
Australie :
A l’université de Sydney, des centaines de manifestants propalestiniens et pro-israéliens se sont retrouvés face-à-face vendredi. Malgré quelques échanges tendus, les deux rassemblements sont restés pacifiques et la police n’est pas intervenue.
Des militants propalestiniens campent depuis dix jours sur une pelouse face au tentaculaire bâtiment gothique de l’université de Sydney.
Comme leurs homologues américains, les protestataires veulent que l’université de Sydney coupe ses liens avec les institutions israéliennes et refuse les donations de sociétés d’armement.
Irlande:
Des dizaines d’étudiants de la prestigieuse université Trinity College de Dublin ont installé des tentes à plusieurs endroits du campus de l’établissement, bloquant samedi l’entrée de la bibliothèque qui contient « le Livre de Kells », célèbre manuscrit médiéval que les touristes viennent voir nombreux dans la capitale irlandaise.
Les manifestants, qui ont décrit leur mobilisation comme un « campement en solidarité avec la Palestine », appellent l’université à couper ses liens avec Israël.
Mexique :
A Mexico, des dizaines d’étudiants propalestiniens de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), la plus grande du pays, ont dressé un camp jeudi dans la capitale, scandant « Vive la Palestine libre ! » et « De la rivière à la mer, la Palestine vaincra ! ». Ils appellent le gouvernement mexicain à rompre toutes relations avec Israël.
Suisse :
Une centaine d’étudiants propalestiniens occupent depuis jeudi soir le hall d’entrée du bâtiment Géopolis de l’Université de Lausanne (UNIL), exigeant un boycott académique des institutions israéliennes et un cessez-le-feu immédiat.
L’occupation s’est poursuivie pacifiquement vendredi et prévoit de durer jusqu’à lundi.