Le Hamas a remis, ce jeudi 20 février, au Comité International de la Croix-Rouge (CICR) quatre cercueils censés contenir les dépouilles d’otages à Gaza, dont celles des deux enfants Bibas et de leur mère, devenus le symbole de l’effroi ayant saisi Israël lors de l’attaque du mouvement palestinien le 7 octobre 2023.
« Ce sera un jour très difficile pour l’État d’Israël, un jour bouleversant, un jour de deuil », a déclaré le Premier ministre Benyamin Netanyahu.
Des combattants cagoulés et armés du Hamas ont exposé sur une scène montée à Khan Younès dans le sud de la bande Gaza quatre cercueils noirs portant chacun la photo d’un des otages israéliens. Au-dessus du podium, une banderole représente Benjamin Netanyahu en vampire.
Les cercueils ont été ensuite transférés dans des 4×4 blanches du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui ont ensuite quitté le secteur. À proximité, des centaines de badauds observaient la scène derrière une clôture. L’armée israélienne a indiqué avoir reçu les corps des otages.
Les corps qui devaient être remis à Israël sont censés être ceux d’Ariel et Kfir Bibas, âgés respectivement de 4 ans et 9 mois le jour de leur enlèvement le 7 octobre 2023, ainsi que celui de leur mère, Shiri Bibas et d’Oded Lifshitz, âgé de 83 ans ce jour-là. Ils ont été restitués en échange de la libération, prévue samedi, de Palestiniens détenus par Israël, conformément à l’accord de trêve dans la bande de Gaza.
Ce dernier est entré en vigueur le 19 janvier, après 15 mois d’une guerre dévastatrice à Gaza déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien.
Tour du monde
Le Forum des familles d’otages a indiqué mercredi 18 février avoir été informé de la mort des deux enfants Bibas et de leur mère, ainsi que de celle d’un quatrième otage, Oded Lifshitz, sans préciser dans quelles circonstances. La famille des deux enfants, Ariel et Kfir Bibas, qui avaient quatre ans et huit mois et demi lors de leur enlèvement, a appelé dans un communiqué à « ne pas faire l’éloge funèbre de (ses) proches jusqu’à ce que l’identification finale soit confirmée ».
Le Hamas avait annoncé en novembre 2023 la mort de Shiri Bibas et de ses enfants dans un bombardement israélien à Gaza, mais Israël n’a jamais confirmé. Toute la famille avait été enlevée lors de l’attaque du 7-Octobre au kibboutz Nir Oz dans le sud d’Israël, à la lisière de Gaza. Les images alors diffusées par le Hamas de la mère serrant contre elle ses deux petits garçons devant leur maison, ont fait le tour du monde. Le père des deux enfants, Yarden Bibas, 35 ans, a été libéré le 1er février du territoire palestinien.
Colère et tristesse
L’annonce de la restitution des dépouilles a provoqué des réactions de colère et de tristesse en Israël ainsi qu’à l’étranger. Kfir Bibas était le plus jeune des 251 otages enlevés le 7 octobre 2023. Avant la remise des dépouilles jeudi, 70 personnes étaient encore retenues à Gaza, dont au moins 35 sont mortes, selon l’armée.
Depuis le début du cessez-le-feu conclu via la médiation du Qatar, d’Egypte et des Etats-Unis, 19 otages israéliens ont été libérés contre plus de 1 100 Palestiniens détenus par Israël, lors de la première phase de la trêve.
« En une seule fois »
C’est la première fois que le Hamas remet des dépouilles d’otages défunts. Samedi 22 février, il doit libérer six otages vivants. L’accord prévoit, d’ici la fin de sa première phase, le 1er mars, la libération d’un total de 33 otages, dont huit morts, en échange de celle de 1 900 Palestiniens détenus par Israël.
Le Hamas s’est dit prêt mercredi à libérer « en une seule fois », et non plus en étapes successives, tous les otages encore retenus dans la bande de Gaza, lors de la deuxième phase de la trêve, qui doit débuter le 2 mars.
Les négociations indirectes sur cette deuxième étape, censée mettre fin définitivement à la guerre, ont été retardées, le Hamas et Israël s’accusant mutuellement de violations de l’accord de cessez-le-feu. La troisième et dernière phase doit porter sur la reconstruction de la bande de Gaza en ruines.