Le leader du mouvement contre la vie chère sur l’archipel français de Martinique, dans les Caraïbes, poursuivi pour son irruption au domicile du préfet local, a été placé en détention provisoire jeudi, provoquant des troubles à Fort-de-France.
Le président du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), Rodrigue Petitot, restera écroué jusqu’à son procès le 21 janvier, a décidé jeudi la cour d’appel de Fort-de-France, qui a délivré un mandat de dépôt, synonyme d’incarcération.
Rodrigue Petitot, surnommé « le R » par ses soutiens, avait d’abord été placé sous contrôle judiciaire, le 15 novembre, lors d’une audience de comparution immédiate. Mais le parquet avait fait appel de cette décision.
Le dirigeant du RPPRAC, l’association ayant lancé en septembre un mouvement de contestation contre la vie chère qui a dégénéré en violences nocturnes, avait été interpellé le 12 novembre pour des faits de violation de domicile, la veille, à la résidence préfectorale.
Un de ses avocats, Me Eddy Arneton a dénoncé « une défaite de la justice » en s’adressant aux centaines de sympathisants du RPPRAC massés aux abords de la cour. « On va se battre jusqu’au bout pour obtenir justice », a-t-il lancé.
Des troubles ont éclaté à Fort-de-France après le placement en détention provisoire de M. Petitot. Une soixantaine de manifestants se sont regroupés aux abords d’un supermarché, s’en prenant à des commerces et aux forces de l’ordre, a indiqué une source policière.
Trois personnes ont été interpellées et placées en garde à vue, a-t-on appris de même source. Le calme est revenu peu après 01H00 locales (06H00 à Paris).
Rodrigue Petitot avait aussi été reconnu coupable lundi d’intimidations à l’encontre des maires de Martinique et condamné à dix mois de prison ferme aménageable.
Sur cette île des Antilles où les denrées alimentaires sont en moyenne 40% plus chères que dans l’Hexagone, selon l’Institut français de la statistique, des émeutes ont éclaté à plusieurs reprises ces derniers mois. Depuis le 1er septembre, 298 véhicules, 33 bâtiments privés et six bâtiments publics ont été incendiés et 174 locaux commerciaux ont été cambriolés, selon la préfecture.
Un protocole contre la vie chère a été signé le 16 octobre pour faire baisser de 20% les prix de 6.000 produits, mais il a été « suspendu » à la suite de la censure du gouvernement de Michel Barnier, a annoncé jeudi le ministre démissionnaire des Outre-mer, François-Noël Buffet.