En introduction du procès qui s’est ouvert mardi matin à Alès (Sud), deux avocats représentant le gouvernement de transition du Gabon ont demandé à ce que leur intervention volontaire soit jugée recevable, afin de « parvenir à l’annulation successive des ventes de ce masque, à son rapatriement et à la consignation des fonds », a plaidé Me Olivia Betoe.
Ils réclament également « un sursis à statuer » pour poursuivre en parallèle une procédure pénale lancée au tribunal judiciaire de Montpellier (Sud) après un dépôt de plainte par le Gabon en septembre pour recel.
« Une intervention volontaire est un outil juridique. On peut revendiquer ce masque pour des conditions louables qui s’inscrivent dans un contexte culturel, mais ça n’est aujourd’hui pas le sujet », a rétorqué l’avocate du brocanteur, Me Patricia Pijot.
Les vendeurs initiaux, un couple d’octogénaires, avaient fait appel au brocanteur en septembre 2021 pour se débarrasser d’objets accumulés dans leur résidence secondaire du Gard (Sud), mais réclament l’annulation de la vente.
Dans le lot figurait un masque en bois sculpté ayant appartenu à un aïeul, ancien gouverneur colonial en Afrique, dont ils ignoraient alors la valeur, selon leur avocat.
L’esthétique du masque, dont il ne reste dans le monde qu’une dizaine d’exemplaires, a inspiré les peintres Modigliani ou Picasso.
Ce n’est que six mois plus tard que le couple avait découvert, en lisant leur journal, que leur ancien masque, « un rarissime masque du XIXe siècle, apanage d’une société secrète du peuple Fang au Gabon », allait être vendu aux enchères à Montpellier.
Le catalogue de la salle de ventes de Montpellier précisait qu’il avait été « collecté vers 1917, dans des circonstances inconnues, par le gouverneur colonial français René-Victor Edward Maurice Fournier (1873-1931), probablement lors d’une tournée au Gabon ».
Lors de la vente, le 26 mars 2022, le masque avait été adjugé pour 4,2 millions d’euros, hors frais, pratiquement un record pour un objet de ce type, malgré les protestations dans la salle de Gabonais réclamant sa « restitution » à son pays d’origine.