Français évacués du Niger: «On est contents d’être revenus et malheureux de laisser le pays dans cette situation»

Vers 2 heures ce mercredi matin, le premier avion de l’opération d’évacuation a atterri à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. À son bord, 262 personnes en provenance de la capitale du Niger, Niamey. Parmi eux, une majorité de Français, mais aussi des Libanais, des Belges ou encore des Portugais.
 
Il a fallu plus d’une heure après l’atterrissage de l’A330 militaires pour que les premiers passagers sortent enfin au compte-goutte après 5h30 de vol. Même si la fatigue se lisait sur les visages, c’est le soulagement. Charles, la quarantaine, est le premier à franchir la porte des arrivées. « On est contents d’être revenus et un peu malheureux de laisser le Niger dans cette situation de prise d’otages plus que de putsch, a-t-il réagi au micro de Candice Mazaud-Tomazic. On verra dans les jours et semaines prochains comment ça va évoluer là-bas. Nous qui y sommes assez attachés, on va suivre ça avec attention. »
 
Les passagers étaient limités à un sac à dos, rien de plus. Alors quand le message de l’ambassade est tombé mardi matin, il a fallu partir au débotté comme Bernard, au Niger depuis deux mois, en mission pour l’Union européenne : « Deux ordinateurs, deux tee-shirts, une paire de chaussettes, une brosse à dent. Le reste, j’ai tout laissé là-bas. »
 
Des ressortissants plus ou moins inquiets
Si Bernard manque d’affaires personnelles, d’autres sont à la recherche d’un toit. Ils peuvent pour cela compter sur l’appui des équipes de la Croix-Rouge et de l’organisation France Horizon présentes dès le mardi 1er août à Roissy. Pour Louise, 25 ans, aucun problème de logement. Dès sa descente d’avion, elle a pu rentrer chez ses parents en région parisienne. Mais une question la taraude : que va-t-il se passer maintenant sur place ? « Je n’ai pas pu dire au revoir à tous mes collègues et je pense à eux, parce qu’ils restent sur place, ils sont Nigériens, explique Louise. Je n’ai jamais craint pour ma sécurité. Mais maintenant il y a le doute sur ce qui se passe sur place et comment ça se passera pour les gens qu’on a rencontrés là-bas. »
 
Oussman, Français d’origine nigérienne, était en vacances avec ses enfants comme tous les ans lorsqu’il a reçu un message de l’ambassade pour lui proposer de rentrer. Il n’est pas aussi inquiet. Ce qui se passe politiquement n’avait pas de conséquences sur le terrain à Niamey, selon lui : « Il y a eu effectivement ce qui s’est passé au niveau de l’ambassade, mais en dehors de ça, je n’étais pas inquiet pour ma sécurité. Mais je dirais inquiet du fait que si les frontières restaient fermées, je risquais de rater peut-être la rentrée pour mes enfants. Mais c’est tout. »
 
Le rythme des rotations aériennes doit s’accélérer. Le ministère des Affaires étrangères s’est fixé l’objectif de rapatrier 400 autres Français en plus de ceux dans les premiers vols, d’ici ce mercredi à la mi-journée. En tout, sur les 1 200 Français vivant au Niger, 600 ont demandé à quitter le pays. À noter que seuls les civils sont concernés . L’évacuation des militaires français n’est en revanche pas « à l’ordre du jour » a prévenu l’état-major des armées.
 
Cette opération, le Quai d’Orsay, l’a présentée comme une réponse aux violences survenues dimanche devant l’ambassade de France à Niamey. Une source diplomatique indique également la crainte d’autres débordements jeudi 3 août, jour de la fête de l’indépendance du Niger.

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